Christian Masset "repart aujourd'hui à Rome", a annoncé la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau sur la radio RTL, une semaine après son rappel pour consultations, sans précédent de la part de la France à l'encontre d'un pays de l'UE.
L'exécutif français est sorti de ses gonds après une série d'affronts des deux vice-Premiers ministres italiens Luigi Di Maio et Matteo Salvini qui étaient allés jusqu'à appeler à la démission du président Macron.
"Plus vite il rentrera chez lui, mieux ça vaudra!", avait clamé en janvier Matteo Salvini, chef de l'extrême droite italienne et également ministre de l'Intérieur, en qualifiant Emmanuel Macron de "président gouvernant contre son peuple".
La rencontre de M. Di Maio le 5 février en France avec des "gilets jaunes", mouvement social qui secoue l'exécutif français, avait fait déborder le vase.
M. Di Maio "a rencontré quelqu'un qui appelait à une insurrection et à une intervention de l'armée", s'est indigné le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, dénonçant "l'épisode de trop".
Risques de rechute ?
Aux yeux de Paris, les deux intéressés, rivaux sur la scène intérieure et tous deux en campagne en vue des élections européennes de mai, ont toutefois adopté depuis le rappel une attitude plus modérée.
"Nous avons entendu des leaders politiques qui s'étaient laissés aller à des paroles ou des comportements franchement inamicaux et inacceptables montrer qu'ils le regrettaient", a estimé Nathalie Loiseau.
"On a entendu M. Salvini dire qu'il ne voulait pas de guerre avec la France", a relevé Nathalie Loiseau qui s'était illustrée en lançant le 23 janvier que la France ne jouerait pas au "concours du plus bête" avec Rome.
Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrême droite), s'est dit disposé lundi à rechercher "de nouveau de bons rapports" avec la France.
M. Di Maio a de son côté assuré avoir rencontré des représentants des "gilets jaunes" en qualité de chef du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) et non de vice-Premier ministre.
La France n'exclut pas des "risques de rechute" dans la relation bilatérale, alors que les deux responsables ont fait d'Emmanuel Macron leur cible privilégiée dans l'affrontement entre "libéraux" ou "progressistes" et "antisystèmes" en vue des Européennes.
Mais "l'électrochoc" provoqué par le rappel de l'ambassadeur a aussi eu un effet vertueux, veut-on croire à Paris.
"Tout le monde s'est alors prononcé sur l'importance de la relation franco-italienne. Cela veut dire qu'a priori on aura plus de difficultés le jour d'après à taper sur la France avec des outrances", souligne une source diplomatique.
"Travailler ensemble"
La France était aussi soucieuse de ne pas s'installer durablement dans la crise alors que l'Italie reste un partenaire essentiel au sein de l'UE tout comme au plan économique et culturel.
Les deux pays ont "une responsabilité particulière pour œuvrer de concert à la défense et à la relance de l'Union européenne", a souligné mardi M. Macron à l'issue d'un entretien téléphonique avec son homologue Sergio Mattarella.
Nathalie Loiseau a aussi souligné "à quel point les deux pays avaient besoin l'un de l'autre". "Donc travaillons ensemble", a-t-elle lancé.
M. Le Drian a toutefois posé une condition à ce retour à la normale, qui devrait être suivi d'une série de rencontres bilatérales: "un esprit de respect mutuel", quels que soient les "désaccords".
Une réunion de travail s'est déjà tenue mardi à Paris entre magistrats des deux pays sur la demande italienne d'extradition d'anciens militants d'extrême gauche condamnés pour terrorisme durant les "années de plomb" et réfugiés en France.
Sur ce point, comme sur l'immigration, la Libye ou le projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin, les différends restent multiples entre Paris et Rome.
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