L'attentat a visé mercredi un bus des Gardiens de la Révolution entre les localités de Khash et Zahedan, dans la province du Sistan-Balouchistan (sud-est). Il s'agit de l'une des attaques les plus meurtrières contre l'armée d'élite du régime.
"La racine principale du terrorisme dans la région sont les Etats-Unis, les sionistes (Israël ndlr) et certains pays pétroliers (de la région) qui (les) financent", a accusé M. Rohani dans une déclaration faite avant son départ à Sotchi (Russie) pour un sommet sur la Syrie avec le présidents russe et turc.
"Nous ferons certainement payer à ce groupe mercenaire le prix pour le sang versé par nos martyrs", a ajouté le président iranien, cité par l'agence officielle Irna.
"Droit d'agir"
Le groupe jihadiste Jaich al-Adl ("Armée de la justice"), considéré comme une organisation "terroriste" par Téhéran, a revendiqué l'attaque, selon l'agence iranienne Fars et le Centre américain spécialisé dans la surveillance de la mouvance jihadiste (SITE).
Frontalier du Pakistan et de l'Afghanistan, la province du Sistan-Balouchistan est régulièrement le théâtre d'accrochages meurtriers entre forces de l'ordre et séparatistes baloutches ou groupes jihadistes.
Cette province compte une large communauté de musulmans sunnites d'ethnie baloutche dans un pays à grande majorité chiite.
Téhéran accuse les Etats-Unis, ainsi qu'Israël et l'Arabie saoudite de soutenir les groupes séparatistes. Israël et les Etats-Unis sont des ennemis de l'Iran alors que l'Arabie saoudite sunnite est le principal rival de la République islamique au Moyen-Orient.
M. Rohani a pressé, dans ce contexte, les pays voisins de l'Iran d'assumer "leurs responsabilités" et de ne pas permettre aux "terroristes" d'utiliser leur territoire pour préparer des attaques contre l'Iran.
"Si ces pays ne sont pas en mesure d'arrêter les terroristes nous nous réservons le droit d'agir", a averti le président iranien.
Les Gardiens de la Révolution (Pasdaran) avaient indiqué mercredi que des membres de ce corps d'élite revenaient d'une mission de patrouille à la frontière avec le Pakistan lorsqu'"une voiture bourrée d'explosifs a explosé près du bus" les transportant.
Ils ont fait état de 27 morts et de 13 blessés, et accusé "des agences de renseignements de la domination mondiale et des sionistes de soutien" aux assaillants.
"Pas une coïncidence"
L'attentat est survenu le jour du démarrage à Varsovie d'une conférence organisée sous la houlette des Etats-Unis et dont l'un des objectifs est de mettre la pression sur l'Iran accusé par Washington "d'influence déstabilisatrice" au Moyen-Orient.
En réaction à l'attaque, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a indiqué dans un tweet que "ce n'est pas une coïncidence que l'Iran ait été frappé par la terreur le jour même" où a démarré la conférence de Varsovie.
Ces derniers mois, les forces de sécurité et les Gardiens de la révolution ont été la cible de plusieurs attaques au Sistan-Balouchistan.
Le 2 février, un membre des Gardiens de la Révolution a été tué dans une attaque dans cette province, revendiquée aussi par Jaïch al-Adl.
Ce groupe a été formé en 2012 par d'ex-membres d'une organisation sunnite extrémiste ayant mené une rébellion au Sistan-Baloutchistan jusqu'en 2010.
Le dernier attentat particulièrement meurtrier en Iran remonte au 22 septembre 2018: 24 personnes avaient été tuées par cinq assaillants qui avaient ouvert le feu à l'arme automatique sur un défilé militaire à Ahvaz (sud). L'attentat avait été revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et un groupe séparatiste arabe au nom de la "Résistance nationale d'Ahvaz".
Les Gardiens de la Révolution avaient mené une semaine plus tard, en représailles, une attaque de missiles et de drones contre des positions jihadistes en Syrie. Ils avaient ensuite annoncé avoir éliminé lors d'une opération en Irak le cerveau de ce même attentat.
Allié du président syrien Bachar al-Assad, l'Iran aide militairement ses forces dans leur guerre contre rebelles et jihadistes.
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