La salle d'audience est bondée. Le "boxeur", cheveux ras et fine moustache, a les traits tirés. Sur les bancs de la défense, ses avocats ont reçu le renfort d'Henri Leclerc, doyen des pénalistes et inlassable défenseur des libertés.
En face, un seul des deux gendarmes frappés est présent, sanglé dans son uniforme, képi à la main, assis devant ses avocats. Son collègue, toujours en arrêt, "n'est pas en état", expliquent ses avocats.
Écroué dans l'attente de son procès, l'ancien champion de France 2007 et 2008 des lourds-légers est devenu une célébrité au sein du mouvement de contestation qui secoue la France depuis trois mois.
Il doit répondre de "violences volontaires en réunion sur personnes dépositaires de l'autorité publique", un délit passible de sept ans d'emprisonnement.
Le 5 janvier, lors de l'acte 8 des "gilets jaunes" à Paris, ce père de famille de 37 ans, fonctionnaire territorial en Essonne, avait été filmé assénant une série de coups de poing à un gendarme sur une passerelle surplombant la Seine avant de frapper un de ses collègues au sol.
Les deux gendarmes blessés, qui se sont constitués parties civiles, se sont vu prescrire 15 et 2 jours d'incapacité totale de travail (ITT). "C'était taper pour vraiment faire mal voire tuer s'ils le pouvaient", avait déclaré l'un d'eux à la presse.
Projection des vidéos
Le procès débute avec la projection des vidéos amateur de leur agression. Ces images, devenue virales, avaient suscité un vif émoi. Deux cagnottes en ligne concurrentes --l'une en faveur de M. Dettinger, l'autre au profit des policiers-- avaient été lancées dans la controverse.
Identifié rapidement après les faits, l'ex-boxeur à la silhouette massive avait échappé aux policiers pendant deux jours avant de se constituer prisonnier le 7 janvier.
Ce père de trois enfants au casier judiciaire vierge avait auparavant mis en ligne sur YouTube une vidéo dans laquelle il admettait avoir "mal réagi", tout en affirmant s'être "défendu" face aux violences policières et en appelant les "gilets jaunes" à poursuivre la mobilisation.
Lors d'une brève comparution devant le tribunal le 9 janvier, Christophe Dettinger avait de nouveau dit "regretter (ses) actes" et demandé un délai pour préparer sa défense.
Il avait alors expliqué avoir eu un accès de colère après avoir "vu des gendarmes matraquer un jeune homme et une femme au sol".
Incarcéré depuis ce jour-là, il comparaît détenu mercredi. La cour d'appel de Paris a rejeté fin janvier une demande de remise en liberté à laquelle s'opposait le ministère public en raison de la "personnalité extrêmement inquiétante et dangereuse" de cet homme "parfaitement impulsif et totalement déterminé à commettre des actes violents".
Vendredi, une autre figure des "gilets jaunes" doit comparaître à Paris: Éric Drouet, l'un des initiateurs de l'acte fondateur du mouvement le 17 novembre, avait été interpellé début janvier non loin des Champs-Élysées où il devait rencontrer d'autres "gilets jaunes".
Dénonçant une arrestation "politique", il sera jugé pour "organisation d'une manifestation sans autorisation préalable", un délit passible de six mois d'emprisonnement.
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