Une majorité de 191 députés sur 350 ont voté en faveur d'amendements destinés à bloquer le budget et présentés notamment par le Parti Populaire (PP, droite), les libéraux de Ciudadanos et les deux partis indépendantistes catalans, ce qui a pour effet de condamner le texte avant même qu'il puisse être voté.
M. Sanchez a quitté la chambre des députés quelques minutes après le vote, sans faire de déclarations.
A la tête d'un gouvernement ultra-minoritaire avec seulement 84 députés socialistes sur 350, le socialiste avait promis à son arrivée au pouvoir de convoquer rapidement des élections avant de changer d'avis et de décider de présenter un budget pour tenter de se maintenir au pouvoir jusqu'à la fin de la législature en 2020.
Après ce revers, Pedro Sanchez pourrait être contraint de convoquer des élections anticipées. Le 28 avril et le 26 mai, date des prochaines élections européennes, municipales et régionales, sont évoqués dans la presse.
Cette défaite des socialistes sur le budget intervient au lendemain de l'ouverture à Madrid du procès historique de douze dirigeants indépendantistes catalans impliqués dans la tentative de sécession de la Catalogne de 2017.
Un procès qui a tendu à l'extrême les relations entre le gouvernement et les indépendantistes catalans, dont les 17 députés, qui ont permis à M. Sanchez de faire son entrée à la Moncloa en juin en soutenant une motion de censure contre le conservateur Mariano Rajoy, lui étaient indispensables pour disposer d'une majorité.
Leurs discussions ont été rompues vendredi, les indépendantistes continuant à réclamer un référendum d'autodétermination pour la Catalogne, qui est une ligne rouge pour le gouvernement.
Pour Antonio Barroso, du cabinet Teneo, "le coût d'un virage modéré est trop élevé" pour les séparatistes, qui ont peur d'être "accusés de traîtrise" par leur base s'ils soutiennent M. Sanchez.
Si M. Sanchez n'est "pas obligé légalement" de convoquer des élections, une prorogation du dernier budget étant possible, il serait désormais "difficilement justifiable" de ne pas le faire politiquement, a indiqué l'analyste à l'AFP.
La droite en tête dans les sondages
Depuis quelques jours, le gouvernement de M. Sanchez a adopté un ton de campagne électorale en accusant la droite et les indépendantistes de voter main dans la main.
"Les (partis de) droite et les indépendantistes vont voter contre ce budget social. Ils veulent la même chose: une Catalogne vivant dans la confrontation et une Espagne vivant dans la confrontation (...) Ils ont peur du dialogue", avait-il attaqué mardi, sans douter de l'issue défavorable du vote.
Plusieurs sondages, dont le dernier a été publié mercredi, donnent le PP, Ciudadanos et le parti d'extrême droite Vox en mesure de former une majorité au niveau national. Comme ces trois formations l'ont fait pour chasser les socialistes du pouvoir dans leur fief d'Andalousie (sud), en janvier.
Le PP, Ciudadanos et Vox ont mobilisé dimanche à Madrid des dizaines de milliers de personnes pour réclamer la convocation d'élections à M. Sanchez, accusé de "haute trahison" pour son dialogue avec les indépendantistes qui fait par ailleurs grincer des dents jusqu'au sein de son propre parti socialiste.
"Une majorité de droite est possible mais cela n'est pas certain", nuance Antonio Barroso, et "les négociations ne seront pas évidentes car Vox ne facilitera pas les choses".
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