Agnès Buzyn doit préciser les contours de la nouvelle loi santé en Conseil des ministres, mercredi 13 février 2019. Hôpitaux de proximité, numerus clausus, formation des médecins… Le regard de Patrick Daimé, président du conseil départemental de l'ordre des médecins de Seine-Maritime.
Tendance Ouest : Quel est votre sentiment sur le projet de loi tel qu'on le connaît actuellement ?
Patrick Daimé : Le regard global est plutôt positif, la tendance est bonne, il y a de bonnes choses. Une approche plus territoriale de la santé est une bonne chose, la place dédiée à la prévention paraît être une bonne chose. Après, il faut voir ce qui sera effectivement mis en place et avec quelles volontés, moyens humains et financiers.
TO : On a beaucoup parlé des hôpitaux de proximité mais leur définition est encore floue…
PD : Il faut attendre les textes de loi précis et voir certains décrets d'application par la suite pour se faire une vraie idée. Une proximité doit être dédiée aux besoins du territoire. Quels sont les besoins sur un territoire et comment on y répond ? En sachant que si la réponse nécessite un plateau spécialisé, on ne pourra pas toujours faire face pour des questions de coûts, de formation etc. Il faut donc à la fois un plateau technique régional de grande qualité pour toute la technicité, les spécialités les plus pointues, et puis au plus près des gens, il faut la réponse minimum nécessaire, ce que l'on appelle le premier recours.
TO : Le numerus clausus chez les étudiants en médecine doit être supprimé. Est-ce une bonne chose ?
PD : On ne peut pas dire si c'est une bonne ou une mauvaise chose. La question est de savoir par quoi il va être remplacé. Le numerus clausus est inadapté aujourd'hui. Il a été l'un des responsables de la carence démographique médicale actuelle et il peut être contourné en faisant ses études ailleurs en Europe. Là encore, il doit y avoir une réalité régionale et territoriale. Il faut que l'on ait les médecins dont on a besoin sur un territoire. À l'aune de ces besoins mesurés, on doit mettre les moyens de répondre qui correspondent.
TO : La loi prévoit aussi de financer en partie les études d'un médecin diplômé d'un pays hors union européenne, s'il s'engage à exercer ensuite dans une zone sous-dotée, l'idée étant de lutter contre les déserts médicaux. Qu'en pensez-vous ?
PD : Aujourd'hui, on refoule des gens pour des carrières médicales alors qu'ils sont motivés, qu'ils auraient fait parfois d'excellents médecins, à cause d'un numerus clausus inadapté. Et d'un autre côté, on va faire venir des gens de l'étranger qui vont peut-être aussi aggraver parfois le problème démographique médical dans leur pays ? Ce n'est pas très raisonnable. Je pense à nouveau qu'il faut que l'on raisonne en termes de besoins sur nos territoires. Un raisonnement moins technocratique, moins bureaucratique et plus proche des besoins des populations.
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