Au centre de la majestueuse salle de la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire espagnole, ils ont pris place sur quatre rangées de banquettes, face aux sept juges.
Le procès, retransmis en direct et pour lequel plus de 600 journalistes espagnols et étrangers sont accrédités, doit durer environ trois mois. Le verdict ne devrait pas être rendu avant juillet. Des centaines de personnes vont y témoigner, dont l'ancien chef de gouvernement conservateur Mariano Rajoy.
"C'est le procès le plus important que nous ayons organisé (depuis le rétablissement de la) démocratie", après la mort du dictateur Francisco Franco en 1975, a estimé récemment le président de la Cour suprême, Carlos Lesmes.
Grand absent, l'ex-président catalan Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique pour échapper aux poursuites, a qualifié depuis Berlin ce procès de "mascarade" et jugé qu'il serait un "test de résistance pour la démocratie espagnole.
"Nous devons (le) convertir en boomerang contre l'Etat" espagnol, a abondé à Madrid Elisenda Paluzie, présidente de l'ANC, qui a convoqué avec d'autres organisations dont Omnium Cultural une manifestation à 19H00 (18H00 GMT) à Barcelone.
Dès l'aube, des militants radicaux indépendantistes ont coupé temporairement plusieurs routes en Catalogne.
En l'absence de Puigdemont, le principal protagoniste du procès est son ancien vice-président Oriol Junqueras, contre lequel le parquet a réclamé 25 ans de prison.
Des peines allant de 7 à 17 ans ont été requises contre les onze autres accusés, dont l'ancienne présidente du parlement catalan, plusieurs "ministres" régionaux et les responsables de l'ANC et d'Omnium Cultural.
Les avocats de la défense ont dénoncé pendant plusieurs heures devant le tribunal le bien fondé du procès et les violations présumées des droits fondamentaux des accusés dont neuf, comme Junqueras, sont poursuivis pour rébellion et incarcérés pour certains depuis plus d'un an.
Un soulèvement violent ?
Après avoir organisé le 1er octobre 2017 un référendum d'autodétermination interdit par la justice, les séparatistes avaient proclamé le 27 octobre une république catalane indépendante, déclenchant la plus grave crise politique que l'Espagne ait connue depuis la fin du franquisme.
Y a-t-il eu alors violence ? La question est au centre du procès, le chef d'accusation contesté de rébellion supposant un soulèvement violent.
Le parquet le soutient mais les indépendantistes affirment eux que la seule violence a été celle des policiers le jour du référendum, dont les images ont fait le tour du monde.
"Les délits si graves dont on nous accuse n'ont pas été commis : la violence nécessaire pour les justifier n'a pas existé", a déclaré à l'AFP Carles Mundo, l'un des accusés, dans les couloirs du tribunal.
Les juristes sont divisés, au point que le représentant des intérêts de l'État au procès n'accuse les prévenus que de sédition et réclame des peines de 12 ans au maximum.
Alors que les indépendantistes veulent convaincre la communauté internationale qu'ils sont victimes de la "répression" espagnole, le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez a lancé une contre-offensive en organisant lundi et mardi des briefings dans plusieurs capitales européennes et au-delà.
"Le tribunal est complètement indépendant. (...) Ces gens ne sont pas là à cause de ce qu'ils pensent mais de ce qu'ils ont fait", a affirmé Jorge Notivoli Marin, chargé d'affaires à l'ambassade d'Espagne en Belgique.
- Risque politique pour Sanchez -
Près d'un an et demi après les faits, la question catalane reste un brûlot politique en Espagne.
Dimanche, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Madrid à l'appel de la droite et du parti d'extrême droite Vox contre Pedro Sanchez, accusé de "haute trahison" pour sa politique de dialogue avec les indépendantistes.
Ce procès va être une tribune politique pour Vox, qui grâce à une particularité du système juridique espagnol, représente "l'accusation populaire".
Dans ce contexte, les indépendantistes, sans lesquels M. Sanchez n'a pas de majorité, sont prêts à bloquer le budget mercredi, ce qui pourrait conduire à des élections anticipées.
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