Peu avant qu'il ne monte sur scène, des élus ont annoncé un accord de principe entre démocrates et républicains pour éviter une nouvelle paralysie partielle de l'administration fédérale dans quatre jours. Le compromis prévoit 1,3 milliard de dollars pour des barrières aux frontières, loin des exigences initiales de la Maison Blanche.
Le président américain ne s'est pas directement prononcé sur cette possible sortie de l'impasse. "Ils ont dit que des progrès avaient été enregistrés (...) Il y aura peut-être des bonnes nouvelles mais qui sait?"
"Nous avons besoin d'un mur (...) et nous le construirons rapidement", a-t-il martelé.
Affaibli par la perte de la Chambre des représentants en novembre et son recul fin janvier dans le bras de fer qu'il a engagé avec les démocrates sur l'immigration, Donald Trump exige toujours le déblocage de quelque 5 milliards de dollars pour la construction de l'édifice controversé.
Un oeil sur la présidentielle de 2020, où il entend briguer un second mandat, le président septuagénaire a étrillé Beto O'Rourke, étoile montante du parti démocrate et enfant du pays, qui participait à un rassemblement non loin de là.
Trump ironise sur O'Rourke
Le quadragénaire, qui a promis de se prononcer sur ses éventuelles ambitions présidentielles d'ici la fin du mois de février, avait appelé au rassemblement pour répondre "aux mensonges et à la haine par la vérité et une vision ambitieuse et positive pour l'avenir".
Donald Trump a longtemps ironisé sur ce "jeune homme qui a perdu une élection (sénatoriale) face à Ted Cruz".
"Il n'a pas grand chose pour lui à part son prénom", a-t-il raillé, affirmant qu'il n'avait pas réussi à réunir plus de "200, 300 personnes". "Cela pourrait être la fin de son aventure présidentielle...".
La manifestation, organisée par plusieurs ONG, visait à dénoncer "l'obsession de Trump sur le mur frontalier et le prisme déformant avec lequel il décrit la vie à El Paso".
La semaine dernière, lors de son discours annuel devant la Congrès, le locataire de la Maison Blanche a en effet cité la ville en exemple. Mais ses arguments n'ont pas, loin s'en faut, plu à tous ses habitants.
"Elle avait un taux extrêmement élevé de crimes violents et était considérée comme l'une des villes les plus dangereuses du pays", a-t-il affirmé. "Depuis qu'une puissante barrière a été mise en place, El Paso est devenue une des villes les plus sûres du pays".
Sauf que cette description de cette ville texane située à plus de 3.000 kilomètres de Washington ne résiste pas à l'analyse des chiffres.
La construction d'une barrière a bien eu lieu sur place en 2008/2009. Or, sur les 30 dernières années, le pic de la criminalité se situe au milieu des années 90, avec une baisse d'environ un tiers des crimes violents entre 1993 et 2006.
Trump attaque les "Fact checkers"
"El Paso est l'une des communautés les plus sûres des Etats-Unis, et ce depuis bien avant que le mur soit construit", a souligné l'élue démocrate Veronica Escobar, qui estime que le président américain doit des excuses aux habitants. "Cette désinformation fait des dégâts", a-t-elle ajouté.
Après 35 jours de blocage, un record dans l'histoire des Etats-Unis, Donald Trump avait finalement cédé fin janvier, signant une loi budgétaire permettant de payer les salaires de quelque 800.000 fonctionnaires fédéraux.
Mais le répit n'a été que temporaire, et la nouvelle échéance, fixée au 15 février, est déjà là.
Depuis plusieurs semaines, la Maison Blanche brandit la menace d'un recours à une procédure d'urgence exceptionnelle pour débloquer les fonds nécessaires sans passer par le Congrès.
Une loi de 1976, le "National Emergencies Act", autorise en effet le président des Etats-Unis à invoquer une "urgence" nationale pour activer des pouvoirs extraordinaires.
Conscient qu'une telle initiative, qui ne fait pas l'unanimité dans son camp, ne manquerait pas de déclencher une féroce bataille politico-judiciaire, Donald Trump s'est jusqu'ici gardé de franchir le pas.
Tout au long de son discours à El Paso, Donald Trump a une nouvelle fois multiplié les attaques contre les journalistes.
"Les soi-disant fact checkers font partie des gens les plus malhonnêtes au sein des médias", a-t-il lancé devant une foule de casquettes "Make America Great Again".
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