"Les Russes et les Chinois ont fini par obtenir plus d'influence ici, or ils ne partagent en rien les idéaux américains qui nous tiennent tant à coeur", a-t-il déclaré à la presse avant un rendez-vous avec le Premier ministre Viktor Orban, au premier jour d'une mini-tournée en Europe centrale.
"Nous ne pouvons pas laisser (le président russe Vladimir) Poutine creuser des divisions entre amis dans l'Otan", a ajouté le diplomate américain.
Washington s'inquiète du tropisme oriental de la diplomatie hongroise, très active depuis quelques années dans le développement de ses relations politiques et économiques avec Moscou et Pékin.
Viktor Orban a reçu le président russe Vladimir Poutine à deux reprises en 2017 et plaide pour une levée des sanctions européennes contre la Russie.
Il a également signé en 2014 un prêt controversé avec la Russie pour financer l'extension de l'unique centrale nucléaire hongroise. La coopération entre les deux pays est particulièrement développée dans le secteur énergétique, dans un contexte de dépendance de la Hongrie aux hydrocarbures russes. Mike Pompeo devrait évoquer le soutien apporté par M. Orban au gazoduc russo-turc Turkstream.
Le chef de la diplomatie hongroise, Peter Szijjarto, a qualifié "d'énorme hypocrisie" les critiques envers la Russie de la part des occidentaux qui par ailleurs collaborent avec Moscou dans le secteur de l'énergie.
La Chine est également au coeur des efforts diplomatiques de Viktor Orban, qui a décrété en 2014 "l'ouverture à l'Est" de la Hongrie. Même si Pékin est encore loin de figurer parmi les principaux investisseurs du pays, le chef du gouvernement hongrois se félicite du fait que "le centre de gravité de l'économie mondiale est en train de basculer de l'ouest vers l'est, de l'Atlantique vers le Pacifique".
"Risques" liés à Huawei
Mike Pompeo souhaite notamment aborder le récent accord entre Budapest et le géant chinois des télécommunications Huawei pour le développement du réseau 5G en Hongrie.
Sur son site internet, Huawei, qui suscite une inquiétude croissante des Occidentaux sur de possibles velléités d'espionnage au profit de Pékin, présente sa branche hongroise comme "un hub pour l'Europe".
"Nous voulons pointer avec eux les avantages et les risques liés à l'utilisation d'un tel équipement", a déclaré M. Pompeo.
C'est la première visite officielle de l'administration Trump au gouvernement hongrois, qui compte parmi les rares supporters revendiqués du président américain au sein d'une Union européenne majoritairement très critique envers ses assauts contre le multilatéralisme et sa diplomatie imprévisible.
En septembre, le Premier ministre national-conservateur hongrois n'avait pas hésité à qualifier M. Trump d'"icône" pour le mouvement souverainiste, après le discours anti-"mondialiste" de ce dernier devant l'Assemblée générale de l'ONU.
Cette proximité idéologique a permis un réchauffement des relations entre Washington et Budapest, alors que Viktor Orban s'était régulièrement vu reprocher par l'administration Obama des atteintes à la liberté de la presse, de la justice et de la société civile. Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010, a également fait l'objet de nombreux rappels à l'ordre des institutions européennes sur ces questions.
L'administration Trump ne lui délivre pas pour autant de blanc-seing puisque Mike Pompeo a rencontré à Budapest des organisations de défense des droits prises pour cible ces dernières années par le pouvoir hongrois, qui les accuse d'être favorables à l'immigration, obsession et cheval de bataille de M. Orban.
Ce dernier a également mis les Etats-Unis dans l'embarras en s'en prenant à l'Université d'Europe centrale (CEU), prestigieux établissement de droit américain fondé à Budapest par le milliardaire américain d'origine hongroise George Soros.
"Ni l'affaire de la CEU, ni l'état de la démocratie hongroise n'auraient forcé les Etats-Unis à montrer leurs muscles mais la Russie et la Chine, c'est une autre paire de manches", note le site d'information hongrois index.hu.
Le chef de la diplomatie américaine poursuivra son déplacement en Slovaquie mardi, puis en Pologne où se tient mercredi et jeudi une réunion consacrée à l'influence de l'Iran au Moyen-Orient.
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