Au troisième jour d'un assaut "final" lancé par les Forces démocratiques syriennes (FDS) contre le réduit jihadiste dans la province orientale de Deir Ezzor, un champignon de fumée noire s'élevait au dessus du théâtre des opérations, près du village de Baghouz.
Un missile a été tiré sur le carré jihadiste, tandis qu'un avion de la coalition internationale emmenée par Washington survole le secteur, a constaté une équipe de l'AFP.
Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la proclamation d'un "califat" sur de vastes régions conquises en Syrie et en Irak voisin, les jihadistes, affaiblis par de multiples offensives, sont retranchés dans une poche de Deir Ezzor près de la frontière irakienne.
Samedi, les FDS ont lancé leur "bataille finale" contre les quelque 500 à 600 jihadistes restés dans ce secteur, selon cette alliance soutenue au sol et dans les airs par les forces de la coalition internationale.
"Les FDS progressent lentement dans la poche de l'EI", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les snipers, les mines enfouies et les tunnels creusés par les jihadistes ralentissent les opérations.
"L'EI a lancé une contre-attaque", a indiqué un porte-parole des FDS, Mustefa Bali. En riposte, des tirs de roquettes et des frappes aériennes ont visé les jihadistes.
L'EI retient également "des dizaines d'otages des FDS", selon lui.
Depuis le lancement de leur offensive en septembre, les FDS ont essuyé plusieurs contre-attaques jihadistes meurtrières.
Jihadistes en fuite
Des dizaines de milliers de personnes, principalement des familles de jihadistes, ont fui les combats ces deux derniers mois vers des secteurs aux mains des FDS. Celles-ci procèdent à des fouilles et des interrogatoires poussés pour identifier les potentiels jihadistes qui tentent de se mêler aux civils en fuite.
Lundi à une position des FDS où affluent des civils, des membres des forces de la coalition montent la garde près d'une vingtaine d'hommes accroupis au sol, a constaté l'équipe de l'AFP.
Environ 600 personnes dont des membres présumés de l'EI, notamment deux femmes Françaises, sept Turcs, et trois Ukrainiens, ont quitté dimanche le réduit jihadiste, selon l'OSDH.
Alors que l'EI est sur le point d'être défait, le sort de son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, demeure inconnu.
Donné pour mort à plusieurs reprises, un message audio qui lui a été attribué a été diffusé en août dernier.
L'assaut final contre l'EI représente aujourd'hui le principal front de la guerre en Syrie.
Le régime de Bachar al-Assad, soutenu par la Russie, contrôle désormais près des deux tiers du pays, après avoir enchaîné les victoires face aux rebelles et jihadistes. Et les combats sur d'autres fronts ont fortement baissé en intensité.
Annonce américaine attendue
La semaine dernière, le président américain Donald Trump a pronostiqué la "libération" imminente de "100%" des territoires autrefois contrôlés par l'EI, ajoutant qu'une "annonce formelle" en ce sens pourrait intervenir très rapidement.
Une défaite de l'EI ouvrirait la voie au désengagement, annoncé en décembre par M. Trump, des quelque 2.000 militaires américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.
Mais, en l'absence d'un engagement antiterroriste soutenu, il ne faudrait à l'EI que six à 12 mois pour entamer une "résurgence" et "reconquérir des territoires restreints", a mis en garde l'armée américaine dans un rapport publié en février.
Hormis son ultime réduit dans l'est syrien, l'EI n'a plus que des combattants dispersés dans le vaste désert s'étendant du centre du pays à Deir Ezzor.
Malgré les revers, le groupe ultraradical, responsable de multiples exactions, parvient toujours à mener des attentats meurtriers dont des attaques suicide. Il a également revendiqué des attentats à l'étranger, notamment en Occident.
Selon des analystes, l'EI a entamé sa mue en organisation clandestine en se cachant dans le désert ou en développant des "cellules dormantes" dans les territoires perdus.
Déclenché en 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 360.000 morts.
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