Les noms des candidats au poste de chef du gouvernement à l'issue des élections législatives du 24 mars "ont été annoncés, celui de la princesse Ubolratana n'y figure pas, car tous les membres de la famille royale se doivent d'être au-dessus de la politique", a indiqué la commission électorale thaïlandaise, mettant fin à plusieurs jours de crise.
Le drame s'est joué en trois actes.
Vendredi, le Thai Raksa Chart, parti allié à l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, bête noire des militaires au pouvoir, annonce la candidature de la princesse, soeur aînée du roi Maha Vajiralongkorn. La nouvelle provoque une onde de choc dans le pays où les membres de la famille royale sont traités avec un statut quasi-divin et échappent à toute critique.
Mais, quelques heures plus tard, le roi torpille les ambitions de sa soeur, qualifiant cette candidature d'"hautement inappropriée" dans un pays où "le monarque et les membres de la famille royale sont au-dessus de la politique".
Le Thai Raksa Chart annonce rapidement qu'il se conformera au souhait du monarque et la commission électorale valide le retrait ce lundi.
"Nous continuons notre campagne, mais il est vrai que les évènements de ces derniers jours ont créé beaucoup de confusion dans l'esprit des Thaïlandais", a estimé Abhisit Vejjajiva, leader du parti démocrate, interrogé par l'AFP.
"fake news"
Alors que depuis l'établissement de la monarchie constitutionnelle en 1932, la Thaïlande a connu douze coups d'Etat, des rumeurs d'un nouveau renversement du régime en place sont apparues dimanche sur les réseaux sociaux, le hashtag #coup se classant parmi les 10 meilleurs sur Twitter dans le royaume.
Prayut Chan-O-Cha, chef de la junte au pouvoir depuis le coup d'Etat de 2014 a été contraint de réagir. "Il s'agit de fake news", a-t-il déclaré à la presse depuis le siège du gouvernement.
Le général, qui s'est déclaré vendredi officiellement candidat au poste de Premier ministre, a précisé que des vérifications étaient en cours sur l'origine de ces spéculations.
D'après plusieurs observateurs, il est bien parti pour rester au pouvoir, l'armée ayant fait adopter en 2016 une Constitution avec un Sénat désormais entièrement nommé par les militaires.
"La population n'est pas prête à accepter un nouveau coup d'Etat. Elle a assez souffert comme cela", estime Treerat Sirichantaropas, candidat dans une des circonscriptions de Bangkok du Pheu Thai, le principal parti d'opposition.
Le sort du Thai Raksa Chart restait quant à lui incertain. La commission électorale pourrait en effet décider que la candidature de la princesse était contraire à la Constitution, ce qui serait un premier pas vers une éventuelle dissolution de ce parti, un des piliers du milliardaire Thaksin Shinawatra pour tenter de revenir au centre du jeu politique.
"Beaucoup de gens étaient mécontents" de la candidature de la princesse "car elle visait à immiscer la monarchie dans la vie politique", a déclaré Srisuwan Janya, secrétaire général de l'Association pour la protection de la Constitution, appelant à la démission des responsables du Thai Raksa Chart.
Une éventuelle dissolution du parti, qui ne devrait en tous cas pas être prononcée avant plusieurs semaines, pourrait provoquer la colère des partisans de Thaksin, encore très populaire dans les campagnes.
Les élections législatives du 24 mars, repoussées à plusieurs reprises par la junte, visent à mettre en place un gouvernement démocratiquement élu. Ceux sont les premières depuis 2011.
Les lignes politiques ont bougé dans le royaume depuis le décès du roi Bhumibol en 2016 et l'accession au trône de Maha Vajiralongkorn.
Le nouveau roi a nommé l'année dernière un nouveau chef de l'armée, Apirat Kongsompong, issu d'une faction rivale à celle de Prayut et de ses alliés de la junte.
Il a aussi remodelé les institutions monarchiques thaïlandaises, s'octroyant la nomination de l'ensemble des membres du comité supervisant le Crown Property Bureau (CPB), bras financier de la très riche monarchie.
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