Il s'est toutefois prononcé en faveur de solutions qui entraîneraient "le coût social le moins élevé" pour parvenir à "des élections libres" qui sortiraient le Venezuela de la pire crise de son histoire récente.
Assis dans un large fauteuil de cuir, Juan Guaido, ingénieur de formation âgé de 35 ans, opposant au président Maduro et président de l'Assemblée nationale, s'est entretenu vendredi avec l'AFP sur l'évolution de la crise politique depuis qu'il s'est proclamé le 23 janvier président par intérim du Venezuela, un statut que lui reconnaissent à ce jour une quarantaine de pays, les Etats-Unis en tête.
"Nous ferons le nécessaire"
Question: Votre main ne tremblerait-elle pas pour autoriser une intervention militaire des Etats-Unis ?
Réponse: "Nous ferons tout ce qui sera nécessaire, tout ce que nous avons à faire, pour sauver des vies humaines, pour que des enfants cessent de mourir".
"Nous allons faire tout ce qui a le coût social le moins élevé, qui génère de la gouvernabilité et de la stabilité pour pouvoir répondre à l'urgence".
"Ce que fait Maduro, c'est tenter d'avoir un ennemi extérieur, tenter de créer une cause commune avec une partie de la gauche mondiale. Mais ce n'est pas une question de gauche ou de droite, c'est une question d'humanité, et nous ferons tout ce que nous pourrons de manière souveraine, autonome, pour parvenir à la fin de l'usurpation (de Nicolas Maduro, ndlr), au gouvernement de transition et à des élections libres".
Question: Feriez-vous usage des prérogatives que vous avez en tant que président de l'Assemblée nationale et président par intérim pour autoriser l'intervention d'une force étrangère ?
Réponse: "Nous ferons tout ce qui est possible. C'est une question évidemment très polémique, mais en faisant usage de notre souveraineté, en exerçant nos prérogatives, nous ferons le nécessaire".
"Un dilemme important"
Question: Comment avance l'entrée d'aide humanitaire ?
Réponse: "Quand nous aurons les apports suffisants, nous allons faire une première tentative d'entrée. Nous savons qu'il y a un blocage à Tienditas (à la frontière avec la Colombie, ndlr), que les forces armées ont un dilemme important d'accepter cette aide ou non".
"Samedi et dimanche nous aurons la formation d'un grand corps de volontaires y compris pour aller la chercher, si c'est nécessaire, aux points d'entrée".
Question: Quand aura lieu la première tentative ?
Réponse: "Je crois que ce sera la semaine prochaine, lorsque nous aurons formé le corps de volontaires et organisé le processus de distribution".
Question: Si les troupes abandonnent Maduro, il resterait des groupes civils qui selon l'opposition ont été armés par le pouvoir. Avez-vous évalué ce risque ?
Réponse: "Avec une volonté politique, avec de la coopération, on peut minimiser cela très rapidement, parce que ce n'est pas seulement qu'ils les ont armés, ils les financent aussi, et le financement s'épuise toujours plus vite. Pour cette raison, il importe de demander la protection d'actifs vénézuéliens à travers le monde, afin qu'on ne les utilise pas pour financer des groupes irréguliers".
Question: Pourquoi croyez-vous que votre offre d'amnistie n'a pas produit pour le moment une désertion massive parmi les hauts responsables militaires ?
Réponse: "Il faut approfondir cela. Nous avons déjà vu il y a quelques jours un général de division se prononcer ouvertement (en faveur de Juan Guaido, ndlr). Nous avons vu des sergents de la Garde nationale exprimer du mécontentement, et ils sont actuellement torturés".
"Un agenda très précis"
Question: Avez-vous eu des contacts avec des fonctionnaires de la Chine et de la Russie, pays alliés de Maduro ?
Réponse: "Nous avons essayé d'avoir des contacts avec la majorité des pays du monde et nous sommes disposés à parler à tous".
"Je suis sûr qu'aussi bien Moscou que Pékin voient clairement la situation vénézuélienne: que Maduro n'a pas de soutien populaire, qu'il ne peut pas stabiliser l'économie, qu'il a produit la plus grande inflation du monde, qu'il a contracté le produit intérieur brut de 53 points en cinq ans alors que nous avons les plus importantes réserves pétrolières de la planète".
Question: Recevrez-vous les émissaires du Groupe de contact international (GCI) qui cherche une solution négociée ?
Réponse: "Nous sommes prêts à parler avec tout le monde, mais avec un agenda très précis". "Nous ne sommes pas prêts à nous prêter à un faux dialogue".
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