Tabloïd depuis 65 ans, le National Enquirer s'est fait une spécialité des scandales impliquant, si possible, des célébrités, et rémunère ses sources pour obtenir informations et photos compromettantes.
Mais en s'en prenant à Jeff Bezos, PDG d'Amazon, l'hebdomadaire et son propriétaire, le groupe American Media Inc (AMI), pourraient avoir eu des motivations politiques, au-delà de la quête du scoop, a insinué l'homme le plus riche du monde dans une tribune publiée jeudi.
Selon lui, le groupe de presse aurait menacé de publier des photos intimes s'il ne renonçait pas à enquêter sur l'origine d'une fuite qui a permis au National Enquirer de mettre la main sur des textos intimes démontrant que le fondateur d'Amazon avait eu une liaison extra-conjuguale.
Gavin de Becker, consultant spécialisé dans la protection des célébrités et engagé par Jeff Bezos pour enquêter sur ces fuites, a évoqué des "pistes sérieuses menant à des motivations politiques".
L'expert s'est notamment intéressé à Michael Sanchez, supporteur affiché de Trump et frère de Lauren Sanchez, la maîtresse de Jeff Bezos. Ce dernier a annoncé début janvier avoir entamé une procédure de divorce.
La piste saoudienne
Autre indice, David Pecker, PDG d'AMI, est un ami de longue date de Donald Trump.
Il a notamment été établi que le patron de presse avait acheté l'exclusivité de plusieurs informations gênantes pour son ami avec l'intention de ne jamais les publier, pour le protéger.
David Pecker a récemment accepté de collaborer avec la justice américaine dans l'enquête sur la possible utilisation du compte de campagne du candidat Trump pour étouffer des scandales, mais on ignore dans quelle mesure cette coopération a pu l'éloigner du président.
Le patron du Washington Post a pointé encore une autre piste politico-diplomatique, celle de l'Arabie saoudite.
Jeff Bezos a insinué jeudi qu'il pourrait y avoir un lien entre le journaliste Jamal Khashoggi, collaborateur du Washington Post assassiné par un commando venu de Ryad, et les révélations du National Enquirer.
D'après le New York Times, AMI aurait eu des relations d'affaires avec des Saoudiens, en particulier pour lever des fonds en vue de réaliser des acquisitions dans les médias.
Mais aucune preuve n'a été fournie qui permettrait d'étayer l'une ou l'autre de ces hypothèses.
Et aucun élément ne permet, à ce stade, d'établir que Donald Trump ait été impliqué dans ce dossier à quelque niveau que ce soit, ni même que les révélations du National Enquirer aient été politiquement motivées.
AMI a assuré vendredi avoir agi "dans le respect de la loi" et annoncé l'ouverture d'une enquête interne pour faire la lumière sur les accusations de Jeff Bezos.
- Jalousie? -
Dans ce contexte, la prudence est de rigueur d'autant que la polarisation de la vie politique américaine alimente toutes sortes de rumeurs et de conjectures, de l'enquête russe du procureur spécial Robert Mueller qualifiée par Donald Trump de "chasse aux sorcières", aux accusations de conservateurs complotistes sur l'existence d'un "Deep State", réseau de fonctionnaires qui oeuvrerait à la déstabilisation de Donald Trump.
Une chose est sûre: Donald Trump n'apprécie guère Jeff Bezos, et s'en prend régulièrement au propriétaire du Washington Post sur Twitter.
"Depuis des années, Donald Trump est obsédé par Bezos", a affirmé sur CNN Jerry George, un ancien du National Enquirer, évoquant de la "jalousie professionnelle". Pour lui, ce ne serait "pas une surprise qu'il se soit tourné vers son bon ami David Pecker (...) pour l'attaquer".
A LIRE AUSSI.
Jeff Bezos accuse le tabloïde National Enquirer de chantage
Jeff Bezos, l'homme le plus riche du monde est prêt à rendre coup pour coup
Jeff Bezos, patron d'Amazon et homme le plus riche du monde
Etats-Unis: le ministre de la Justice témoigne au Congrès sur la Russie
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.