La cathédrale du Havre (Seine-Maritime) est cachée sous des bâches et derrière des échafaudages ces jours-ci. Des travaux de restauration y ont débuté en novembre 2018 et devraient se poursuivre pendant encore un an et demi. En ce moment, c'est le vitrail Henri IV qui passe entre les mains de peintre-verriers. Cinq mètres de haut, quasiment trois mètres de large et une dizaine de couleurs vives pour représenter l'arrivée du roi au Havre, en 1603. Cette œuvre, exceptionnelle, est issue de l'atelier Duhamel-Marette et date de 1881.
Le vitrail devrait retrouver sa place l'été prochain. - Ville du Havre
Desceller, recoller, nettoyer et restituer
Le vitrail a été restauré une première fois, dans les années 1970-80, par les ateliers de Michel Durand. À cette époque, l'œuvre avait été scellée avec du ciment. La première étape de cette nouvelle restauration a donc été de desceller raconte Anne Pinto, peintre-verrier : "Il a fallu enlever le ciment sans casser les pièces. Une opération délicate car tout a été tellement scellé lors de la première restauration pour faire étanche, solide qu'on se retrouve avec un verre trop emprisonné, qui n'arrive plus à se dilater. Résultat, on a pas mal de casse." De la peinture est également partie avec le temps et la pollution. Des visages notamment ont été effacés :
La pollution, notamment, est responsable de la disparition des traits du visage de certains personnages. - Noémie Lair
L'opération s'avère d'autant plus délicate que la restauration des vitraux de l'atelier Duhamel-Marette a la réputation d'être "complexe" raconte André Morteau, peintre-verrier, car "la peinture est très fragile".
Reportage, casque sur la tête et chaussures renforcées aux pieds :
Reportage sur le chantier
Avant de pouvoir travailler sur le vitrail, toute une batterie de tests sera effectuée. "État de la serrurerie, de la maçonnerie, du vitrail, tests de nettoyage, etc.", explique André Morteau. En fonction des résultats, "on décidera de ce que l'on fait. Ces tests servent à ne pas faire de bêtise. Le risque c'est d'enlever toute la peinture."
Maître campanaire, sculpteurs et tailleurs de pierre
Les artisans et ouvriers qui travaillent sur le chantier ont aussi une autre mission : restaurer les pierres de l'édifice, attaquées par le sel. "À cause des embruns marins, l'eau chargée en sel pénètre dans la pierre et en séchant, le sel se cristallise et fait éclater la pierre", explique Vincent Duteurtre, architecte à la Ville du Havre.
Difficile de reconnaître un ange et la Vierge à cause de l'éclatement de la pierre. - Noémie Lair
Tout un travail de dessalement va donc avoir lieu avec des compresses posées sur la pierre pour faire migrer les sels vers l'extérieur.
Neuf corps de métier au total travailleront sur le chantier : des tailleurs de pierre, sculpteurs, couvreurs, maître-verriers, électriciens, échafaudeurs, etc. et un maître campanaire.
2,8 millions d'euros de travaux
La phase suivante débutera en septembre prochain et concernera le clocher. Coût total des travaux : 2,8 millions d'euros, financés à 40 % par la Ville du Havre puis par des subventions de l'État, de la Région et du département et par une souscription. Cette dernière, lancée en avril 2018, a permis de récolter 17 000 euros grâce à 103 donateurs.
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