Une semaine après "l'engorgement des urgences" annoncé par l'Agence Régionale de Santé (ARS), les conditions de travail sont toujours aussi tendues au CHU de Caen (Calvados). "La période hivernale est toujours plus complexe à appréhender, notamment avec la phase épidémique de grippe en Normandie", tient à préciser le centre hospitalier. Manque de places pour héberger les patients, manque de lits, manque de personnel au vu d'une surcharge d'activité… les infirmières sont à bout. Un décalage entre les besoins et les moyens se fait toujours ressentir.
"Il n'y a plus de confidentialité"
Une d'entre elles témoigne : "Les gens ne vont plus chez leur médecin traitant. Les urgences, c'est la facilité car ils n'ont pas besoin d'avancer les frais, tout est pris en charge. Le problème c'est qu'il y a une surcharge d'activité. Les patients sont les uns sur les autres, faute de place dans l'hôpital pour qu'ils soient hospitalisés donc on est obligé de les garder aux urgences, ce qui créé l'engorgement". Un engorgement qui peut créer un risque d'erreur pour les patients. Médecine, urgence vitale, chirurgie, consultations… tous les secteurs semblent être pleins à craquer. "Il n'y a plus de confidentialité. On en vient à mélanger les patients dans les services", ajoute-t-elle.
"Je suis mécontente de ma prise en charge"
Les infirmières du CHU sont aussi inquiètes quant à la qualité de leur travail. Entre soins, prise en charge, accueil, orientation, elles ne savent plus où donner de la tête pendant leur garde de douze heures. "Ce qui est compliqué c'est de prendre en charge les patients correctement. C'est à la chaîne. On est à la limite de prendre deux patients en même temps. Quand je rentre chez moi, je suis mécontente de la prise en charge réalisée". Un ras-le-bol général qui affecte tout le monde : les infirmières comme les médecins et évidemment les patients. Le manque d'effectif se fait sentir : "la nuit, il n'y a seulement que deux médecins pour toutes les urgences ainsi que pour les services de médecine de l'hôpital". En découle une insécurité car on a plus que trois brancardiers la nuit sur les urgences et il arrive que l'infirmière se retrouve seule à l'accueil alors que certaines personnes agitées ou violentes peuvent arriver à tout moment.
"C'est ingérable", poursuit-elle, désabusée. "Certains patients deviennent égoïstes et nous, on devient impatients". Pour pallier cette inadéquation entre le nombre de lits disponibles et les patients en attente, le centre hospitalier, de son côté, prévoit comme un appel à l'aide.
Le CHU veut réagir
"Lorsque les capacités du CHU sont saturées, les établissements du GHT sont sollicités pour accueillir et ouvrir des lits disponibles" explique-t-il. Un dispositif en cours qui prend du temps. Au plus tard, il sera fait le 11 février 2019. Les services prévoient : 41 lits supplémentaires dont :
- 11 lits ouverts le 11/01 sur le site du CHR Clémenceau
- 12 lits ouverts au CH Côte Fleurie le 31/01
- 6 lits le 04/02 et 6 lits le 05/02 au CH de Falaise
- 6 lits à venir le 11/02 au sein du CH de Pont-l'Évêque
À titre indicatif, le flux des passages aux urgences adultes a représenté plus de 56 000 passages en 2018 soit en moyenne 153 patients par jour. Récemment, certaines gardes ont représenté jusqu'à 180 entrées aux urgences.
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Le problème des urgences c'est que beaucoup de personnes vont aux urgences alors que il y a aucune urgence faire payer les personnes qui passent aux urgences pour de la bobologie ou autres
que nos gouvernants finissent par comprendre l'utilité des hôpitaux de proximité.Non à la fermeture des services parfois totalement et récemment rénovés,non à la fermeture des maternités,courage au personnel hospitalier
Les médecins traitant ne peuvent-il pas être d'office pris chacuns leur tour pour aider aux urgences.
Ils font un métier, et bien qu'ils assument.