Quelque 80 membres de partis politiques et de la société civile afghane, rassemblés derrière la figure tutélaire de l'ex-président Hamid Karzaï, se trouvent pour une deuxième journée consécutive dans la capitale russe pour des échanges avec une dizaine de représentants talibans sur les conditions préalables à un accord de paix après plus de 17 années de guerre.
Ce dialogue, qui doit s'achever mercredi soir, se tient en l'absence de représentants du gouvernement du président Ashraf Ghani, qui n'y ont pas été conviés en dépit d'appels répétés de M. Ghani à négocier ces derniers mois.
Les insurgés refusent catégoriquement de parler au gouvernement afghan, qu'ils qualifient de "marionnette" des Etats-Unis. Il n'avait pas davantage été admis lors des pourparlers menés fin janvier entre talibans et Etats-Unis à Doha qui ont donné lieu selon les deux parties à des "progrès".
A Moscou, un haut responsable taliban, Abdul Salam Hanefi, adjoint au chef du bureau politique des insurgés au Qatar, a semé le trouble mercredi en affirmant que ceux-ci étaient parvenus à un accord avec les Américains sur un retrait de la moitié de leurs forces d'ici la fin avril et que ce processus avait déjà commencé.
"Les Américains ont donné leur accord pour retirer la moitié de leurs forces immédiatement. Le retrait commencera le 1er février et se poursuivra jusqu'à la fin avril", a-t-il dit à des journalistes. Les Etats-Unis déploient 14.000 militaires en Afghanistan.
Aucune confirmation de tels plans n'a pu être obtenue dans l'immédiat côté américain.
Ces propos semblent aussi contredire ceux tenus auparavant par l'émissaire américain pour la paix Zalmay Khalilzad, qui avait évoqué une "ébauche d'accord" entre belligérants mais répété qu'aucun calendrier de retrait des forces américaines n'avait été établi.
Le président américain Donald Trump s'est pour sa part contenté de qualifier mardi soir les discussions avec les talibans de "constructives".
"Nous ne savons pas si nous trouverons ou non un accord, mais nous savons qu'après deux décennies de guerre l'heure est venue d'essayer au moins de faire la paix", a-t-il dit dans son allocution devant le Congrès sur l'état de l'Union.
Visage découvert
Mardi, les hauts représentants talibans avaient fait sensation à Moscou en apparaissant pour la première fois devant les médias à visage découvert, et en écoutant des Afghanes évoquer leur conception de la place des femmes dans la société.
Dans un long discours, le chef du bureau politique taliban situé au Qatar, Sher Mohammad Abbas Stanikzai, avait expliqué quel type de pouvoir les talibans comptaient exercer si un accord de paix était signé.
Assurant d'abord que les insurgés "ne veulent pas le monopole du pouvoir mais un système islamique inclusif", il avait égrené plusieurs conditions parmi lesquelles une nouvelle "constitution islamique" pour l'Afghanistan, en remplacement de l'actuelle qualifiée de "vague et contradictoire".
Sher Mohammad Abbas Stanikzai s'était félicité de rencontres "très fructueuses" et de "bons échanges de points de vue" tandis que l'ex-président Hamid Karzaï s'était déclaré "très impatient de trouver une solution pour la paix".
Pour sa part visiblement excédé, le président Ghani a répliqué en soulignant l'absence de légitimité des participants et de leur initiative. "A qui parlent-ils? Où est leur pouvoir exécutif?", s'était-il exclamé mardi soir dans un entretien à la télévision afghane.
Le président afghan a par la suite reçu le soutien du secrétaire d'Etat Mike Pompeo qui a "souligné l'importance cruciale d'assurer le rôle central du gouvernement afghan dans le processus de paix".
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