Cet accord de paix, le huitième depuis 2012, avait été obtenu samedi après une dizaine de jours de négociations à Khartoum sous l'égide de l'Union africaine (UA).
Son contenu restait toujours inconnu mardi, le texte n'ayant pas été distribué aux journalistes présents à la cérémonie de paraphe. Il ne sera rendu public qu'après la signature proprement dite, prévue à Bangui dans les prochains jours, selon les autorités centrafricaines.
L'accord a été paraphé au nom du gouvernement centrafricain par le président Faustin Archange Touadéra, venu spécialement dans la capitale soudanaise, a constaté un correspondant de l'AFP.
Le président soudanais Omar el-Béchir, dont le pays a accueilli les négociations, était présent à la cérémonie, ainsi que le président de la Commission de l'UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat.
Après avoir paraphé le texte appelé "accord de Khartoum", les représentants des 14 groupes armés, pour la plupart issus de l'ex-rébellion musulmane Séléka ou des milices antibalaka (antimachettes, qui affirment défendre les chrétiens), ont serré la main à MM. Touadéra et Béchir, devant plusieurs ambassadeurs et diplomates étrangers.
"L'accord de Khartoum ouvre la voie au retour de la paix dans notre pays, il est maintenant temps d'ouvrir une nouvelle page pour la Centrafrique", a déclaré le président Touadéra qui a lancé aux représentants des groupes armés: "rentrons ensemble à Bangui pour construire notre pays ensemble".
Parlant au nom des groupes armés, Herbert Gontran Djono Ahaba, également ministre de l'Energie, a estimé que "les difficultés commencent maintenant avec l'application de l'accord (...) crucial pour la paix".
A Bangui, Ambroise Saraga, un habitant de la capitale centrafricaine, s'est dit "très enthousiasmé" par la conclusion de ce nouvel accord de paix à Khartoum: "C'est ce que nous attendions, que deux parties qui ne s'entendent pas, se retrouvent autour d'une table".
Il a dit espérer que l'accord retiendrait ce que de nombreux Centrafricains avaient exigé lors de rencontres et forums récents, à savoir une "tolérance zéro" pour les auteurs de crimes et de violences.
Sept accords sans suite
Les négociations de Khartoum, lancées le 24 janvier, ont rassemblé les principaux chefs des groupes armés et une importante délégation gouvernementale.
En Centrafrique, pays de 4,5 millions d'habitants en guerre depuis fin 2012, pas moins de sept accords de paix ont déjà été signés depuis, sans qu'aucun n'aboutisse au retour de la stabilité.
Les pourparlers de Khartoum ont à un moment été suspendus à cause de désaccords, en particulier sur la question de l'amnistie des responsables de crimes et d'exactions, réclamée par les groupes armés.
Sous la pression de ses partenaires occidentaux, Bangui a toujours refusé une amnistie des chefs de guerre dont plusieurs sont sous sanctions de l'ONU ou cités pour violations des droits de l'homme dans des rapports d'ONG. D'autres sont sous la menace d'un mandat d'arrêt.
Une Cour pénale spéciale (CPS) a été créée à Bangui pour juger les crimes commis dans le pays depuis 2003, mais son activité est limitée.
Outre l'amnistie, les groupes armés exigeaient aussi "la dissolution du gouvernement et la formation d'un gouvernement de sortie de crise" dont le Premier ministre serait issu de leurs rangs.
Ils réclamaient également la mise en place de patrouilles mixtes avec les Forces armées centrafricaines (Faca) pour sécuriser le territoire qui est en grande partie placé sous leur coupe.
Ancienne colonie française classée parmi les pays les plus pauvres au monde, la Centrafrique est cependant riche en diamants, or et uranium. Les groupes armés, qui contrôlent 80% du territoire, s'y affrontent pour le contrôle de ces richesses.
Ils s'opposent régulièrement aux quelque 12.000 soldats et policiers de la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) qui tente en vain d'empêcher les violences.
Depuis un an, la Russie a fait une entrée remarquée en Centrafrique en livrant des armes aux Faca et en assurant la sécurité du président Touadéra.
burs-stb/ah/thm
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