Les 12 jurés new-yorkais devront répondre "oui" ou "non" à la question de savoir si Joaquin Guzman alias "El Chapo" est coupable des 10 chefs d'accusation contre lui, dont participation à une organisation criminelle, conspiration pour importer et exporter de la drogue, utilisation d'armes à feu et blanchiment d'argent.
S'il est déclaré coupable, le Mexicain de 61 ans, devenu une légende des cartels mexicains après deux évasions spectaculaires de prisons au Mexique, risque d'être condamné à finir sa vie en prison.
Des dizaines de journalistes ont bataillé des semaines durant pour décrocher une place dans la salle du tribunal fédéral de Brooklyn afin de suivre le procès de celui qui, depuis la mort de Pablo Escobar, figure en tête du classement des plus célèbres narcotrafiquants.
Certains ont parfois passé la nuit aux portes du tribunal, enveloppés dans des sacs de couchage avec du café pour pour se réchauffer.
- Informations inutilisables -
Avant de laisser les jurés se retirer pour délibérer, le juge Brian Cogan, qui a présidé à tout le dossier, a tenu à s'assurer lundi que les jurés n'avaient pas eu vent d'informations "offensantes et suspectes" sorties dans la presse ce week-end.
Il faisait référence à un document de l'accusation rendu public après les plaidoiries finales vendredi, qui citait un des témoins à charge d'El Chapo, le fournisseur de drogue colombien Alex Cifuentes, disant que l'accusé avait violé et drogué des adolescentes de 13 ans.
Alex Cifuentes n'avait pas évoqué ces viols supposés pendant ses quatre jours de déposition. Et les jurés, tenus d'ignorer toute information sur l'accusé qui ne serait pas sortie à l'audience, ne peuvent donc pas tenir compte de ces informations lors de leurs délibérations.
Mais après avoir interrogé un par un les jurés, le juge a décidé que les délibérations pouvaient commencer.
"Je n'ai pas d'opinion pré-conçue sur le verdict que vous allez rendre", "je ne roule pour personne", a déclaré le juge Cogan au jury.
"Rappelez-vous que vous avez prêté serment (...) de rendre votre verdict uniquement sur la base des preuves" présentées lors du procès, a-t-il ajouté, alors qu'El Chapo, en costume-cravate, écoutait en silence.
Sa femme, Emma Coronel, une ex-reine de beauté américano-mexicaine de 29 ans, qui a assisté à la quasi-totalité des audiences, est arrivée au tribunal peu après le début des délibérations.
Depuis novembre, les enquêteurs américains ont fait défiler à la barre quelque 56 témoins, dont de nombreux ex-associés ou employés d'El Chapo, qui ont affirmé qu'il avait co-dirigé le puissant cartel de Sinaloa, basé dans les montagnes à l'ouest du Mexique.
Plusieurs des témoins, désormais emprisonnés aux Etats-Unis ou sous la protection du gouvernement américain, ont décrit avec force détails l'organisation du cartel et le rôle central joué par El Chapo: tant pour organiser l'exportation de plus de centaines de tonnes de cocaïne venue de Colombie vers les Etats-Unis que les violences commises pour neutraliser les cartels rivaux ou encore la corruption systématique de la police, des militaires et de représentants du gouvernement mexicain pour qu'ils ferment les yeux.
Les avocats de la défense ont eux dénoncé devant les jurés un procès "farce", assurant qu'El Chapo n'était qu'un bouc-émissaire d'un gouvernement mexicain corrompu. Et que les ex-narcotrafiquants ayant témoigné contre lui n'étaient que des "ordures" prêts à tous les mensonges pour réduire leur peine.
La défense, qui n'a cité brièvement qu'un seul témoin, assure qu'Ismael "El Mayo" Zambada, co-dirigeant du cartel toujours en fuite, est le vrai patron du cartel et "la pièce manquante du procès".
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