Pour son cinquième débat depuis le 15 janvier, le chef de l'Etat a tenu une nouvelle séance de questions-réponses marathon avec 300 maires, responsables associatifs et citoyens engagés dans une salle municipale à Evry-Courcouronnes (Essonne).
Après avoir rapidement tombé la veste, il a défendu, en bras de chemise, ses réformes lors d'un nouvel exercice intégralement retransmis en direct sur les principales chaînes d'information en continu.
Retrouvant des accents de sa campagne électorale, il a balayé tous les sujets: immigration avec une pique à Donald Trump ("je ne crois pas aux gens qui font des murs"), droit de vote des étrangers, auquel il préfère l'accès à la citoyenneté, le Grand Paris ("on a mis un mille-feuille sur un mille-feuille"), l'engorgement des urgences à l'hôpital ou encore le revenu universel d'activité, avec un dégagement final sur le thème de l'utopie.
Emmanuel "Macron a épuisé son temps de parole médiatique jusqu'à l'élection présidentielle de 2027", a réagi l'Insoumis Manuel Bompard sur Twitter.
Plusieurs dizaines d'intervenants se sont succédé pour protester contre la suppression des contrats aidés, les fusions forcées de communes, les fermetures de classes, les ghettos urbains ou encore le manque persistant de logements et de médecins.
Les maires d'Ile-de-France ont aussi réclamé le maintien des services publics, certains regrettant l'enterrement du plan Borloo pour les banlieues. Le chef de l'Etat a répondu en bloc, rappelant sa mesure-phare, le dédoublement des classes de CP dans les quartiers défavorisés et s'élevant contre "la morphine" des dépenses publiques qui ne corrige pas les problèmes.
En revanche il a esquissé un mea culpa sur la suppression des emplois aidés, en reconnaissant que cette mesure avait posé "un vrai problème pour beaucoup d'associations et de villes".
Le gouvernement a en effet supprimé les trois quarts de ces contrats, qui sont passés de 320.000 en 2017 à 130.000 budgétés pour 2019.
Pour en atténuer les effets, il a annoncé vouloir lancer "un grand plan pour les petites associations" afin de "booster" le tissu associatif, une demande qui selon lui ressort du grand débat.
Il s'est ainsi dit prêt à envisager des "emplois francs associatifs", sur le modèle des emplois francs pour le secteur privé, un dispositif d'aide aux entreprises qui recrutent des résidents des quartiers défavorisés.
"Les associations de petite taille ont été les parents pauvres de la politique de la ville", a renchéri le secrétaire d'Etat Julien Denormandie, dénonçant les contraintes administratives et disant vouloir accorder aux petites associations des subventions pluriannuelles, une demande récurrente du secteur associatif.
Avant le débat, Emmanuel Macron avait effectué une visite surprise à l'association Génération II, qui se consacre à l'insertion des jeunes, rendant hommage au travail des associations dans les quartiers difficiles.
"Si on avait tout bien fait..."
Sur la finalité du grand débat, il a concédé qu'il "y a des choses qu'on n'avait pas suffisamment vues."
"Si on avait tout bien fait, sincèrement il n'y aurait pas eu cette crise. Et je parle pour nous tous collectivement depuis des décennies. Donc il faut avoir beaucoup d'humilité dans ces moments-là", a-t-il ajouté.
Le chef de l'Etat s'est aussi déclaré "convaincu que cette délibération dans la société" ne "se clôturera pas de manière classique".
A 23h00 passées, il a déclaré: "à un moment donné je serai peut-être amené à demander à nos concitoyens s'ils (sont d'accord) sur telle ou telle chose", allusion à un possible référendum, évoqué ces derniers jours.
Le Journal du dimanche affirme que M. Macron serait tenté de convoquer un tel référendum dès le 26 mai, jour des élections européennes. Mais plusieurs ministres et responsables LREM ont jugé la date peu opportune.
Sur le terrain, le chef de l'Etat a reçu un accueil mitigé. Il a discuté longuement avec quelques habitants, dont un jeune homme qui lui a lancé : "Moi je passe le trottoir tous les jours, du travail j'en trouve pas".
Plus hostiles, une trentaine de "gilets jaunes" ont hué le convoi présidentiel à son arrivée.
"Macron Démission", "Emmanuel Macron on va te chercher chez toi", "Castaner en prison", chantaient certains, surveillés par de nombreux CRS qui sécurisaient les lieux, avec barrages et fouilles aux abords.
Mardi, Emmanuel Macron continuera à recevoir les responsables des partis afin d'élaborer une issue à la crise des "gilets jaunes". Avant un nouveau déplacement sur le terrain jeudi à Autun, en Saône-et-Loire, pour rencontrer élus et jeunes du Morvan.
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