Selon Varsovie, la viande en question ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs.
Bruxelles a décidé d'envoyer en Pologne une équipe d'inspecteurs pour évaluer la situation sur place, a confirmé vendredi une porte-parole de la Commission européenne Anca Paduraru.
Ils arriveront en Pologne lundi 4 février et leur mission durera jusqu'au 8, a-t-elle précisé.
Les services sanitaires français ont retrouvé "795 kilos" de viande provenant de cet abattage, a annoncé vendredi le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume sur la chaîne CNews. 150 kilos ont déjà été récupérés.
Au total, 2,7 tonnes de viande polonaise provenant d'un abattoir incriminé ont été exportées vers 13 pays (Allemagne, Finlande, Hongrie, Estonie, Roumanie, Suède, France, Espagne,Lettonie, Lituanie, Portugal, Slovaquie et la République Tchèque) selon une liste mise à jour par la Commission européenne.
La Pologne a immédiatement fermé le petit abattoir concerné et le chef des services vétérinaires, Pawel Niemczuk, a déclaré que l'expertise de la viande saisie a démontré qu'elle ne présentait aucun danger pour la santé des consommateurs.
L'affaire avait été révélée par la chaîne de télévision privée TVN24, dont un journaliste s'est fait embaucher par le petit abattoir dans la région d'Ostrow Mazowiecka, dans le nord-est de la Pologne.
Petites annonces
L'enquête journalistique a révélé que des marchands proposaient par petites annonces d'acheter des vaches malades, pour un prix très inférieur à celui des animaux sains, ce qui soulève des questions sur l'usage qui en est fait.
Des images filmées par TVN24 ont révélé que des vaches paraissant très affaiblies étaient abattues de nuit dans l'abattoir en question par quelques employés de confiance, échappant ainsi aux contrôles vétérinaires officiels effectués de jour.
La Commission européenne, alertée par les autorités polonaises, n'a pas exprimé de jugement sur la qualité de la viande suspecte. Elle a rappelé que "la pratique de traîner les animaux incapables de marcher, comme cela est décrit (dans le reportage polonais), est interdite par la législation de l'Union Européenne sur la protection des animaux dans les abattoirs".
La dirigeante de l'extrême droite française Marine Le Pen a saisi l'occasion pour dénoncer la mondialisation et le "commerce sans contrôle", ajoutant, dans un tweet, que "l'Union européenne nuit gravement à la santé".
Le commissaire Vytenis Andriukaitis, en charge du dossier, a immédiatement riposté: "Non Madame, l'Union Européenne n'est pas le commerce sans contrôle. C'est suite à ma demande que la Pologne a déclenché le système d'alerte rapide #RASFF. Ce sont les #FakeNews qui nuisent gravement à la santé!"
"Le marché polonais est inquiet, sur toute la chaîne", a dit à l'AFP le président de l'Association polonaise de producteurs de bétail à viande PZPBM Jerzy Wierzbicki, et les prix du bœuf "ont baissé d'environ 7% par rapport au début de la semaine".
"Certains médias ont suggéré que dans cet abattoir on tuait des animaux malades", explique-t-il.
En réalité, selon lui, à regarder les images, "c'étaient des vaches contusionnées, qui n'étaient pas en mesure de quitter le camion toutes seules. De telles vaches ne doivent pas être conduites à l'abattoir mais doivent être tuées chez l'éleveur par une personne qualifiée pour le faire."
"Toutefois, ajoute-t-il, leur viande a été expertisée et s'est avérée saine, comme l'a dit officiellement le docteur Niemczuk".
Il s'agit du troisième cas en six ans, selon M. Wierzbicki. Tous ont concerné de petites entreprises qui ont été sanctionnées. Dans un cas, à Biala Rawska, on avait abattu des vaches malades et les responsables sont poursuivis au pénal. Dans un autre, à Bielsko Podlaskie, il s'est agi de vaches contusionnées.
Il reste que pour la Pologne les conséquences de l'affaire peuvent être lourdes. Entre 80% et 90% de la production polonaise de viande de bœuf sont exportés, surtout vers l'Union Européenne, mais aussi vers des pays tiers.
En 2018, la totalité des exportations polonaises de bœuf a atteint environ 415.000 tonnes, a indiqué M. Wierzbicki.
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