Les époux Riva, qui sont deux des quatre victimes de la tuerie, sont omniprésents dans les débats du procès ouvert le 10 janvier devant les assises de Bruxelles.
Les avocats de Mehdi Nemmouche, pour l'innocenter, désignent Miriam et Emmanuel Riva comme "des agents du Mossad" qui auraient été victimes d'"une exécution ciblée" le 24 mai 2014 au Musée juif de la capitale belge. Une théorie jugée "complotiste" qui indigne les parties civiles.
Jeudi matin, à quelques heures du témoignage à la barre des deux filles du couple avec un oncle et une tante, le jihadiste français de 33 ans a alimenté la polémique en affirmant n'être "pas le tueur" de ce "pseudo-attentat".
"Je redis que je ne suis pas le tueur du musée, je condamne tout acte d'intimidation et demande à toute personne de laisser ce procès se dérouler en toute sérénité", a-t-il affirmé.
Une allusion à un cambriolage assorti de menaces survenu mardi soir chez un des avocats de l'affaire, un acte dont il a souhaité se dissocier "avec force", en lisant un texte préparé à l'avance.
"Si des personnes devaient penser que j'ai commis ce pseudo-attentat et devaient donc penser qu'elles me rendent service (...) en commettant des actes d'intimidation, elles se trompent lourdement", a ajouté ce délinquant radicalisé en prison, passé par la Syrie.
A la place du dossier "Nemmouche", Me Vincent Lurquin, l'avocat victime du vol, avait retrouvé sur son bureau une batte de base-ball et une fausse Kalachnikov. Une enquête judiciaire a été ouverte.
Dans ce contexte, le témoignage des quatre proches des Riva, attendus à partir de 14H00 (13H00 GMT), s'annonce pour eux "extrêmement dur", a confié à l'AFP Me David Ramet, un de leurs avocats belges.
"Au mauvais endroit au mauvais moment"
"Ils vont être face à l'assassin de leurs parents qu'ils vont pouvoir regarder, (...) et à quelques mètres de l'arme qui les a abattus", souligne l'avocat, allusion au revolver posé avec les autres pièces à conviction dans une vitrine au pied de la cour.
Quant à la thèse des "agents du Mossad" pris pour cible, Me Ramet la juge "fantasmagorique".
Miriam Riva, tuée à 53 ans, a été comptable pour le service secret israélien, avant de prendre sa retraite quelques mois avant son assassinat.
Elle n'était "pas sur le terrain opérationnel", ont expliqué à l'audience les juges d'instruction chargées de l'enquête, qui ont cité aussi une note signée d'un service de renseignement belge pour qui le "lien avec le Mossad (...) n'est pas fondé".
Quant à Emmanuel Riva, qui avait un an de plus que sa femme, il travaillait comme "économiste" pour Nativ, une agence rattachée aux services du Premier ministre israélien, spécialisée dans l'accueil des juifs de l'ex-bloc communiste.
Sur ces deux curriculum vitae "il n'y avait rien à cacher", insiste Me Ramet. Ni sur leurs activités en Israël, ni sur la période durant laquelle les Riva ont vécu à Berlin (2007-2012), quand lui travaillait à l'ambassade.
A Bruxelles, ce jour de mai où des groupes de jazz jouaient dans la rue non loin du musée, les Riva "ont malheureusement été au mauvais endroit au mauvais moment", ajoute l'avocat.
Mercredi, plusieurs défenseurs des parties civiles avaient fustigé la stratégie de défense de Mehdi Nemmouche et le "procès fait aux victimes" par ses avocats.
Ils "ne s'attachent pas aux éléments objectifs du dossier, ne s'intéressent pas ou quasiment aux preuves" (ADN, téléphonie, vidéos de revendication etc), a dénoncé Me Michèle Hirsch, qui défend les associations juives.
Le 30 mai 2014, six jours après la tuerie, Nemmouche avait été arrêté à Marseille (sud de la France) en possession des armes utilisées, un revolver et un fusil d'assaut de type Kalachnikov.
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