"Nous allons travailler pour stabiliser l'économie, répondre immédiatement à l'urgence humanitaire, rétablir les services publics et surmonter la pauvreté", a lancé sur Twitter le député social-démocrate de 35 ans, chef du Parlement.
"Nous savons comment y arriver", a-t-il ajouté, après des manifestations qui ont réuni mercredi des milliers de ses partisans pour convaincre l'armée de se joindre à eux.
Déterminé à occuper lui aussi le terrain, le président Maduro a convoqué la presse dans la matinée, sans plus de précisions.
Le pays pétrolier, autrefois le plus riche d'Amérique latine, a sombré économiquement et ses habitants souffrent de graves pénuries d'aliments et de médicaments, ainsi que d'une inflation galopante (10.000.000% en 2019 selon le FMI), ce qui a fait chuter la popularité du dirigeant socialiste.
"Les conditions sont favorables à Guaido, avec un soutien international décisif mené par les Etats-Unis", que Nicolas Maduro accuse d'orchestrer un coup d'Etat, explique à l'AFP l'analyste Carlos Romero.
"Et l'aggravation de la crise économique joue aussi",
Encore inconnu du grand public il y a un mois, Juan Guaido s'est autoproclamé président par intérim la semaine dernière, invoquant une vacance du pouvoir car l'opposition juge le second mandat du chef de l'Etat, entamé le 10 janvier, illégitime car issu d'élections frauduleuses.
"Marionnette des +gringos+"
Juan Guaido recevra jeudi un nouvel encouragement avec sa reconnaissance attendue comme président par le Parlement européen, tandis que les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne tiendront une réunion informelle à ce sujet à Bucarest.
"Maduro opprime les Vénézuéliens. L'Union européenne doit être du côté du peuple vénézuélien", a tweeté le président de la Commission, Antonio Tajani.
Six pays (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Portugal) ont donné au président Maduro jusqu'à dimanche pour convoquer des élections, sinon ils reconnaîtront son adversaire.
Mais jusqu'à présent il semble balayer ces menaces d'un revers de la main.
La réunion de Bucarest servira donc à "vérifier les suites à donner à la non-réponse du président Maduro", a indiqué le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.
Parallèlement, la pression des Etats-Unis se fait chaque jour plus insistante, via des sanctions financières pour asphyxier le gouvernement et des mises en garde répétées.
"Le combat pour la liberté a commencé!", a tweeté Donald Trump à l'issue de la journée de manifestations de mercredi, après avoir dans la matinée appelé Juan Guaido pour l'encourager.
De quoi prêter le flanc aux accusations de Nicolas Maduro, qui a lancé lors d'un meeting face à des jeunes Vénézuéliens: "Vous voulez que gouverne une marionnette des +gringos+ au Venezuela?"
Des journalistes arrêtés
Il a aussi appelé l'armée à l'unité, le pilier qui le maintient au pouvoir depuis 2013, en leur répétant ce mot d'ordre: "Loyaux toujours, traîtres jamais!"
Car en face, les Etats-Unis et Juan Guaido multiplient les appels à la rébellion, ce dernier leur promettant même l'amnistie.
L'opposition exige la mise en place d'un gouvernement de transition puis des élections libres, soutenu en ce sens par les Etats-Unis ainsi qu'une grande partie de l'Amérique latine et de l'Europe.
Mais le président Maduro s'y refuse, alléguant que son mandat se termine en 2025.
Le risque de troubles civils est élevé dans ce pays pétrolier de 32 millions d'habitants, un des plus violents au monde. Le pape François a dit redouter "un bain de sang".
Surtout que samedi, ce sont les deux camps qui ont chacun prévu de manifester, ce qui risque de créer des affrontements.
"Nous allons nous échauffer dans la défense de la patrie, pour nous préparer à de nouvelles batailles et de nouvelles victoires", a clamé le numéro deux du chavisme, Diosdado Cabello.
Depuis le début des mobilisations le 21 janvier, une quarantaine de personnes ont été tuées et plus de 850 arrêtées, selon l'ONU.
Dans cette ambiance tendue, deux journalistes français ont été arrêtés mardi, de même qu'un photographe colombien, tandis que deux reporters chiliens ont été expulsés mercredi soir après 14 heures de détention.
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