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Huawei: la directrice financière de retour devant un juge canadien

La directrice financière du chinois Huawei doit comparaître mardi devant un tribunal de Vancouver pour un examen de sa liberté conditionnelle, au lendemain de la publication par la justice américaine des chefs d'inculpation motivant leur demande d'extradition.

Huawei: la directrice financière de retour devant un juge canadien
Le logo de Huawei, le 29 janvier 2019 à Pékin - WANG ZHAO [AFP]

L'annonce par l'administration de Donald Trump d'une longue série de chefs d'inculpation contre cette dirigeante et contre ce fleuron chinois a fait enrager Pékin: le gouvernement chinois a accusé mardi les Etats-Unis de "visées politiques" dans cette affaire et pressé Ottawa à libérer Meng Wanzhou.

Fille du fondateur du géant des télécoms, Mme Meng est attendue en matinée à Vancouver pour une audience de la Cour suprême de Colombie-Britannique portant sur les conditions de sa liberté conditionnelle.

Rien n'a filtré sur l'objet de cette comparution mais, selon le Toronto Star, la dirigeante a omis de déclarer à la justice canadienne la possession d'un passeport réservé à l'élite chinoise.

Arrêtée le 1er décembre, sur demande américaine, alors qu'elle était en transit à Vancouver, Mme Meng a obtenu dix jours plus tard une libération sous strictes conditions: la remise de ses documents de voyage, le versement d'une caution de 10 millions de dollars canadiens (6,6 millions d'euros), le port d'un bracelet électronique et l'obligation de demeurer dans une résidence surveillée et d'observer un couvre-feu.

Elle doit comparaître le 6 février devant un juge canadien dans le cadre de la procédure d'extradition lancée par les Etats-Unis qui accusent Huawei d'espionnage industriel et de violations de sanctions américaines contre l'Iran.

Washington a officiellement soumis au Canada "la demande d'extradition des Etats-Unis dans le cas de Mme Meng", a confirmé à l'AFP le ministère canadien de la Justice.

Son arrestation par le Canada a créé une crise diplomatique sans précédent entre Ottawa et Pékin, alors que les deux pays avaient lancé des "discussions exploratoires" en vue d'un traité de libre-échange.

Les autorités chinoises ont depuis arrêté deux Canadiens tandis qu'un tribunal chinois a condamné à mort un troisième, mais Pékin assure que ces mesures sont sans lien avec l'affaire Huawei.

"Etat de droit"

Le Premier ministre Justin Trudeau a répété mardi matin à la presse que le Canada était "un Etat de droit".

"Nous obéissons à notre système de justice (qui est) un système de justice indépendant et rigoureux. Et on va s'assurer (...) de respecter nos engagements internationaux", a-t-il souligné en arrivant au Parlement d'Ottawa.

Concrètement, la justice canadienne ne doit pas se prononcer sur le fond de l'affaire mais seulement juger si la demande des Etats-Unis respecte les conditions du traité d'extradition liant les deux alliés nord-américains.

Selon le dossier d'accusation présenté lundi, le ministère américain de la Justice a retenu treize chefs d'inculpation, liés à des violations des sanctions américaines contre l'Iran, à l'encontre de Huawei et de sa directrice financière. Il a également inculpé deux filiales de Huawei pour vol de secrets industriels du groupe de télécoms américain T-Mobile.

Dans un communiqué transmis à l'AFP, Huawei s'est déclaré "déçu" et a démenti avoir commis le moindre méfait. Le numéro 2 mondial des smartphones a dit n'avoir "pas connaissance d'actes répréhensibles de la part de Mme Meng et est persuadé que les tribunaux américains aboutiront à la même conclusion".

Très remonté, le ministère chinois des Affaires étrangères a fermement dénoncé mardi les "visées politiques et les manipulations politiques" derrière les accusations américaines.

"Les Etats-Unis utilisent le pouvoir de l'Etat pour discréditer et attaquer certaines entreprises chinoises, dans une tentative d'étrangler leurs opérations, qui sont légitimes et légales", a jugé Pékin.

Le Canada doit gérer cette crise diplomatique sans son ambassadeur à Pékin, congédié ce week-end par Justin Trudeau car il a notamment jugé que ce serait "très bien pour le Canada" si Washington renonçait à demander l'extradition de Mme Meng.

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