"J'aime notre pays, et j'envisage sérieusement de me présenter à la présidentielle en tant que centriste indépendant", a écrit sur son compte Twitter ce fils de routier qui a grandi dans un logement social dans un quartier défavorisé de New York avant de conquérir les milieux d'affaires.
Howard Schultz veut mettre ses origines modestes et son activisme social au coeur de sa probable campagne et publie à ce propos un livre autobiographique, "From the Ground Up" (Partir de rien). Une façon pour ce milliardaire --sa fortune est estimée à 3,4 milliards de dollars par Forbes-- de se distinguer de Donald Trump, dont l'empire immobilier a été bâti à partir d'un prêt conséquent accordé par son père.
Il affirme comprendre "ceux qui souffrent". "Parce que j'ai été un des leurs, et j'ai aussi été du côté de ceux qui créent de la richesse", défend-il.
A l'aise aussi bien dans les cercles financiers en costume-cravate que dans un café Starbucks en jean-chemise, Howard Schultz s'est toujours dit persuadé que Starbucks --fort de ses 28.000 cafés et 75 millions de clients par jour-- devait montrer l'exemple.
Stock-options pour tous
M. Schultz a été un des premiers patrons à accorder la couverture santé et des stock-options à tous ses employés, même ceux travaillant à mi-temps, un sésame précieux aux Etats-Unis où les coûts médicaux sont faramineux.
Sous sa férule, Starbucks a aussi mis en place un programme d'aide financière pour encourager les salariés à obtenir un diplôme d'enseignement supérieur, recruté des anciens combattants et 10.000 réfugiés après l'annonce du décret anti-immigration de Donald Trump.
"Il est le rêve américain", dit à son sujet Jeffrey Sonnenfeld, professeur à l'école de commerce de Yale. "Il a grandi dans la pauvreté, ce qui fait que les gens s'identifient facilement à lui. Et il a su garder les pieds sur terre".
En plein débat national sur les violences policières contre les Noirs en 2015, Starbucks lance "Race Together", une campagne incitant ses serveurs et serveuses à discuter de la question raciale avec les clients. C'est le tollé!
Mais Howard Schultz ne plie pas comme en mars 2013 lorsqu'un actionnaire fustige en assemblée générale l'engagement de Starbucks pour le mariage homosexuel.
"Nous voulons embrasser la diversité, tout type de diversité (...). Donc vous pouvez vendre vos actions Starbucks et acheter celles d'une autre entreprise. Merci beaucoup", rétorque ce père de deux enfants, qui maîtrise l'art de la communication.
"C'est un formidable communicant qui sait se mettre en valeur mais sans agacer comme Trump", souligne le professeur Sonnenfeld.
Seules ombres à cette image de champion de causes sociales, Starbucks est membre du lobby de la restauration National Restaurant Association, opposé à l'augmentation du salaire horaire minimum à 15 dollars, et l'entreprise a torpillé différentes initiatives d'employés pour se syndiquer.
Bande à part
Howard Schultz a quitté Starbucks en juin dernier, après l'avoir fait passer d'un groupe exploitant 11 établissements lors de son arrivée en 1982 à plus de 28.000 cafés dans près de 77 pays à travers le monde.
Ce sportif à la mise impeccable -- il a été propriétaire de l'équipe de basketball des SuperSonics aujourd'hui disparue -- a laissé un groupe réalisant un chiffre d'affaires de 22,4 milliards de dollars pour un bénéfice net de 2,88 milliards.
Ses détracteurs dans les milieux d'affaires américains lui reprochent d'embrasser les causes à la mode et de toujours chercher à faire bande à part pour revendiquer par la suite l'étiquette d'homme indépendant.
"Vendre des cafés, même ceux ayant une belle histoire, ne prépare pas à l'élection présidentielle, peu importe combien vous en vendez", critique aussi Helaine Olen, chroniqueuse au Washington Post.
Howard Schultz partage les positions démocrates sur l'immigration, ce qui fait dire à certains que sa candidature indépendante serait une bonne chose pour Donald Trump en 2020 en "volant" des voix au futur candidat démocrate.
Mais il reste conservateur sur de nombreux autres sujets comme la couverture maladie universelle pour tous, défendue par l'aile gauche des démocrates, qu'il juge pas "réaliste". Il critique également le virage à gauche du parti démocrate.
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