Le ministère américain de la Justice a dévoilé 13 chefs d'inculpation, liés à des violations des sanctions américaines contre l'Iran, à l'encontre du groupe chinois et de sa directrice financière Meng Wanzhou, arrêtée au Canada en décembre à la demande des enquêteurs américains.
Parallèlement, il a inculpé deux filiales de Huawei, notamment d'association de malfaiteurs en vue de voler des secrets industriels, en l'occurrence des technologies cellulaires de l'américain T-Mobile, à son siège de Bellevue, dans l'Etat de Washington, dans le nord-ouest des Etats-Unis.
Dans le viseur des ingénieurs de Huawei, selon l'acte d'accusation: le robot "Tappy", imaginé par T-Mobile pour reproduire un doigt humain et tester ainsi ses appareils cellulaires.
Ces deux filiales, Huawei Device Co., Ltd. et Huawei Device Co. USA, sont visées au total par dix chefs d'inculpation pour des faits remontant à la période 2012-2014, parmi lesquels figure également une accusation d'obstruction à la justice.
"Ces deux séries d'inculpations mettent au jour les actions éhontées et persistantes de Huawei pour exploiter les sociétés et institutions financières américaines et pour menacer la concurrence mondiale libre et équitable", a déclaré le directeur du FBI Christopher Wray.
L'arrestation début décembre à Vancouver de Meng Wanzhou, fille du fondateur du groupe, a déjà provoqué des remous entre les Etats-Unis et le Canada d'une part, et la Chine de l'autre.
En liberté surveillée à Vancouver, la dirigeante de Huawei doit comparaître le 6 février devant un juge canadien dans le cadre de la procédure d'extradition lancée par les Etats-Unis. Washington a confirmé qu'une demande formelle d'extradition serait présentée avant la date butoir du 30 janvier.
Mardi, Mme Meng doit de nouveau être entendue à la Cour suprême de Vancouver, cette fois pour une audience concernant les conditions de sa libération conditionnelle, selon plusieurs médias canadiens.
Guerre commerciale
Dans ce qui a été largement interprété comme des représailles de Pékin, la Chine a depuis arrêté deux Canadiens et un tribunal chinois en a condamné à mort un troisième.
La crise diplomatique avec Ottawa a même abouti au limogeage, par le Premier ministre canadien Justin Trudeau, de son ambassadeur en Chine John McCallum, en raison de propos controversés sur la procédure d'extradition de Meng Wanzhou.
Si Washington, qui s'inquiète des avancées technologiques chinoises, est en pointe pour contrer Huawei, le géant des télécoms est l'objet de regards de plus en plus suspicieux dans un nombre grandissant de pays occidentaux, à tel point que le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a dénoncé vendredi une campagne internationale "injuste et immorale".
Plusieurs Etats ont exclu Huawei du déploiement de la 5G, mettant parfois en cause des failles sécuritaires voire des soupçons d'espionnage, que le groupe dément catégoriquement.
Le ministre américain de la Justice par intérim, Matthew Whitaker, a assuré lundi que rien, dans l'acte d'inculpation, ne suggérait une implication du gouvernement chinois dans cette affaire.
Mais "comme je l'ai dit à des responsables chinois en août, la Chine doit s'assurer que ses ressortissants et ses sociétés respectent la loi", a-t-il ajouté.
L'administration américaine de Donald Trump a lancé ces derniers mois une offensive tous azimuts contre la Chine, l'accusant de vol de technologies, de "bellicisme à l'égard de ses voisins", ou encore de développer un "Etat totalitaire à l'intérieur de ses frontières" en bafouant notamment les droits des minorités religieuses.
Cette attaque se déroule sur fond de guerre commerciale déclenchée par le président Trump à coups de taxes douanières.
De nouvelles négociations commerciales doivent reprendre cette semaine à Washington, où le milliardaire républicain va rencontrer le vice-Premier ministre Liu He, à la tête de la délégation chinoise.
Ces inculpations "n'ont rien à voir avec nos négociations commerciales avec la Chine", a assuré lundi le ministre américain du Commerce Wilbur Ross. Mais il a aussitôt ajouté que son ministère continuerait de travailler avec le reste du gouvernement "pour protéger les intérêts de sécurité nationale".
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