Cette "décision", a expliqué sans détailler la préfecture de Gironde dans un communiqué, "a pour objectif de sécuriser l'ensemble des parties, en pointant la non-conformité de la procédure".
Interrogé par l'AFP, Ford s'est contenté de prendre "acte de la décision de la Dirrecte (Direction régionale des entreprises de la concurrence de la consommation du travail et de l'emploi) sur le plan social soumis par Ford Aquitaine Industries", sans vouloir faire plus de commentaire.
Selon une source gouvernementale, cette décision laisse une quinzaine de jours à Punch pour apporter les éléments qui manquaient encore pour "muscler son offre de reprise", notamment des lettres d'intention de clients. Après, "il y a encore un délai de décision de 21 jours qui est laissé à l'administration", selon la même source.
Ford devra également préciser "comment il envisage des modalités de réindustrialisation du site" pour recréer de l'emploi sur place, un point sur lequel le gouvernement entend demander au constructeur d'améliorer son plan.
"Une bonne nouvelle" pour les syndicats
Pour Philippe Poutou, délégué CGT de Ford, la décision de lundi est "une bonne nouvelle. Ca va obliger Ford à revoir sa copie et à étudier plus sérieusement le projet de reprise par Punch défendu par les salariés". "Cela nous donne quelques semaines de plus pour renforcer les chances de sauver l'usine", a-t-il ajouté à l'AFP.
"Ce délai supplémentaire ne garantit pas de réussir car nous savons bien qu'il y a des difficultés aussi du côté du repreneur pour finaliser son projet de reprise, mais au moins la bataille peut continuer. L'espoir demeure pour nos emplois et les emplois induits", a-t-il ajouté.
Jean-Marc Chavant, délégué FO, élu au Comité dEntreprise, a également salué la "bonne nouvelle" qui "donne une chance à une reprise de l'usine qui permettrait de sauver environ 350 emplois. Mais on dit à Punch qu'il faut qu'il se dépêche à bien finaliser et sécuriser son offre pour que Ford puisse la valider".
La Direccte avait jusqu'à minuit ce lundi pour annoncer à l'industriel Ford si elle validait ou non son PSE.
Le constructeur américain avait annoncé il y a près d'un an sa volonté de se désengager de l'usine de boîtes de vitesses implantée en 1972.
Il avait refusé en décembre un offre de reprise de la société franco-belge basée à Strasbourg Punch-Powerglide, pourtant appuyée par l'Etat et les syndicats, offre permettant de conserver environ 400 emplois.
Cette décision, prise après des mois d'implication de l'Etat pour trouver un repreneur, avait provoqué une levée de boucliers politiques, locale, et nationale, jusqu'au président de la République qui avait jugé l'attitude du constructeur "hostile et inacceptable". Une "trahison", avait estimé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
Les élus de Gironde, qui suivent de près ce dossier emblématique dans un département peu industriel, avaient rappelé que de l'argent public avait été versé lors de la reprise du site par Ford en 2011 soit "23,5 millions d'euros (chômage partiel inclus) en contrepartie d'un engagement de maintien de 1.000 emplois sur Blanquefort".
Lundi soir, le président du département Jean-Luc Gleyze (PS) a salué dans un communiqué la "sagesse de la décision de la Direccte, une étape décisive" pour le site. "Il convient donc de réunir toutes les conditions d'une reprise du site de Ford Blanquefort qui constitue désormais un symbole".
La fin de production de l'usine, qui tourne déjà au ralenti, était programmée pour fin août 2019.
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