Le pays pétrolier, ruiné après avoir été le plus riche d'Amérique latine, est au centre de l'échiquier diplomatique international avec cette crise: du côté de Guaido se trouvent notamment les Etats-Unis, une grande partie de l'Europe et de l'Amérique latine, tandis que Maduro est soutenu par la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba.
Après une semaine de mobilisation qui s'est soldée par la mort de 29 personnes et 350 arrestations, Juan Guaido, député de droite de 35 ans et président du Parlement, appelle à deux nouvelles manifestations: mercredi, "pour exiger des forces armées qu'elles se mettent du côté du peuple", puis samedi, "pour accompagner le soutien de l'Union européenne et l'ultimatum".
Six pays européens (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné à Nicolas Maduro jusqu'à dimanche pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront Juan Guaido comme président.
L'Union européenne quant à elle "prendra des mesures" si des élections ne sont pas convoquées "dans les prochains jours", y compris concernant "la reconnaissance du leadership" dans le pays.
Maduro inflexible
Samedi, "nous célébrerons ce soutien inédit du monde entier à notre cause", "pour parvenir à la fin de l'usurpation, au gouvernement de transition et à la convocation d'élections libres", a annoncé Juan Guaido.
Jusqu'à présent, Nicolas Maduro se montre inflexible et rejette l'ultimatum des Européens.
Les racines de la crise remontent à fin 2015, quand l'opposition avait infligé au chavisme la pire défaite de son histoire aux élections législatives.
Elle avait pris la majorité du Parlement mais très vite Maduro avait répliqué avec une Assemblée constituante, uniquement composée de ses partisans, qui a confisqué la plupart des prérogatives des députés.
Confrontée à un paysage institutionnel (Cour suprême, autorités électorales...) aux mains de chavistes, l'opposition a boycotté l'élection présidentielle de mai 2018 et considère le second mandat remporté par Maduro comme frauduleux.
C'est donc en vertu d'un article de la Constitution sur ce qu'il estime une vacance du pouvoir que Juan Guaido s'est autoproclamé président par intérim.
Son objectif? Organiser des élections et sortir le pays de son marasme économique, entre hyperinflation (10.000.000% en 2019 selon le FMI) et graves pénuries.
Dissensions dans l'armée
Pour y parvenir, Juan Guaido cherche à fissurer la loyauté de l'armée, essentielle au maintien au pouvoir de Nicolas Maduro depuis 2013.
Il offre donc l'amnistie aux fonctionnaires et militaires acceptant de le soutenir, dans une loi que ses partisans ont distribuée dimanche aux centres de police et de l'armée.
Certains militaires ont toutefois brûlé ou déchiré le document, qui offre "toutes les garanties constitutionnelles" aux militaires et civils qui "collaborent à la restitution de la démocratie".
Nicolas Maduro, qui supervisait des exercices militaires au Fort Paramacay (nord), a mis en garde ses troupes: "Etes-vous des putschistes ou respectez-vous la Constitution? (...) Traîtres jamais, loyaux toujours!"
Des dissensions commencent en effet à apparaître. Attaché militaire du Venezuela à Washington, le colonel José Luis Silva a fait défection samedi.
Une semaine plus tôt, 27 militaires s'étaient soulevés au Venezuela, avant d'être arrêtés.
Crainte d'un "bain de sang"
"Soldat du Venezuela, je te donne un ordre: ne réprime pas les manifestations pacifiques (...), ne tire pas sur le peuple", a lancé Juan Guaido.
Le pape François a dit lundi redouter un "bain de sang" et souhaité "qu'ils se mettent d'accord".
Si la liste des soutiens internationaux de M. Guaido ne cesse de s'allonger, Caracas garde des amis à l'étranger, notamment la Russie.
Le gouvernement pourrait chercher le soutien financier de la Chine, de la Russie et de l'Iran, "unis plus pour contrer les intérêts des -États-Unis qu'en raison d'un quelconque sympathie envers Maduro", estime Paul Hare, de l'Université de Boston.
Nicolas Maduro accuse Washington d'agir en coulisses de ce qu'il considère comme un coup d'Etat et a rompu les relations diplomatiques.
Mais il veut garder un minimum de liens avec celui qui lui achète un tiers de son pétrole et négocie l'ouverture de "sections d'intérêts" dans chaque pays.
Dès dimanche, Mike Pompeo a pourtant annoncé que l'opposant Carlos Vecchio serait le nouveau chargé d'affaires du Venezuela aux Etats-Unis.
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