L'Espagnol n'a tenu qu'à peine plus de deux heures - 2h04 min exactement, moins de temps que la finale dames la veille (2h27 min) - sur la Rod Laver Arena, concassé par l'infernale machine serbe 6-3, 6-2, 6-3. Jamais auparavant il n'avait sombré en trois sets en finale de Grand Chelem.
"A ce niveau, dans ces circonstances, c'était vraiment un match parfait", a résumé "Djoko".
"Je revois le chemin parcouru ces douze derniers mois... Il y a un an exactement, j'étais opéré (du coude droit). Être debout devant vous aujourd'hui, et avoir réussi à gagner ce titre, trois Grand Chelem de plus, c'est extraordinaire, a-t-il retracé. Je suis sans voix."
Un rapide retour en arrière permet de mesurer combien le redressement est colossal.
Il y a un an, Djokovic (31 ans) était sur le point de se faire opérer du coude droit dans la foulée de son élimination en huitièmes de finale de l'Open d'Australie (par Chung) et avait le moral dans les chaussettes, entre crise de confiance et de motivation larvée. Après avoir quitté Roland-Garros moribond, il était même éjecté du top 20 fin juin, pour la première fois depuis près de douze ans.
Djokovic double Sampras
Le Serbe était pourtant sur le point de recouvrer ses esprits et sa plénitude physique, lui qui avait renoué au printemps avec l'entraîneur de tous ses succès, le Slovaque Marian Vajda, après un an de séparation: depuis l'été dernier, il s'est montré irrésistible dans les grandes occasions, triomphant successivement à Londres, New York, puis Melbourne.
"Pas impossible mais hautement improbable" un an plus tôt, a-t-il estimé.
Resté bloqué deux ans, entre 2016 et 2018, son compteur de titres en Grand Chelem s'emballe depuis six mois. Avec une quinzième couronne, Djokovic dépasse l'Américain Pete Sampras (14) et s'installe seul au troisième rang des joueurs les plus titrés en Grand Chelem, "encore loin" selon ses mots des vingt trophées record de Roger Federer. Nadal, lui, en reste à dix-sept titres majeurs.
Le N.1 mondial devient aussi le premier à répéter trois fois une série d'au moins trois sacres d'affilée en Grand Chelem (déjà 3 de suite entre 2011 et 2012 et 4 de suite entre 2015 et 2016).
Sur la Rod Laver Arena dimanche, même Nadal n'a pu que surnager. Breaké d'entrée, l'Espagnol de 32 ans n'avait marqué qu'un seul point après trois jeux. Jamais il n'est parvenu à installer un combat avec Djokovic. Etouffé par la régularité sans faille de son adversaire - seulement neuf fautes directes !-, coupable aussi, face au mur serbe, de fautes beaucoup plus nombreuses qu'à l'accoutumée, en particulier sur son arme N.1, le coup droit.
Illustration de la domination sans partage de Djokovic: Nadal a dû patienter 1h45 min pour obtenir, en vain, son unique balle de break du match !
Nadal positive
"Je n'étais pas prêt à affronter ce niveau. Quand il joue comme ça, j'ai besoin de ce quelque chose en plus au niveau de l'intensité que je n'avais pas encore ce soir (dimanche)", a constaté "Rafa", qui faisait à l'Open d'Australie son retour à la compétition après quatre mois hors circuit, la faute à une panoplie d'ennuis physiques (genou, abdominaux, cheville opérée et cuisse).
"A cause des problèmes qui me sont arrivés, je n'ai pas travaillé tellement mon jeu défensif", a-t-il expliqué.
Nadal avait pourtant impressionné tout au long de la quinzaine australienne, porté par un service remodelé. Pour la première fois à Melbourne, il avait même rallié la finale sans laisser échapper le moindre set.
Malgré la sévérité de la défaite, le Majorquin a positivé.
"J'ai traversé des moments difficiles l'année dernière, j'ai dû abandonner ici (en quarts de finale contre Cilic), je n'ai plus joué un match après l'US Open (abandon en demi-finale)... Même si ce n'était pas mon soir, c'est très important pour moi d'en être où j'en suis alors que je reviens de blessures", a-t-il souligné, espérant "rester en forme et pouvoir continuer à bien (s)'entraîner et à jouer".
Djokovic continue décidément de lui résister sur dur: Nadal ne l'a plus battu sur cette surface depuis plus de cinq ans (US Open 2013).
Et Melbourne s'entête dans le rôle du tournoi du Grand Chelem qui lui réussit le moins. C'est le seul qu'il n'a apprivoisé qu'une fois, il y a dix ans.
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