Ce déplacement de trois jours est l'un des rares qu'effectuera à l'étranger en ce début d'année le président français, focalisé depuis plus de deux mois sur la crise des "gilets jaunes".
Son maintien dans l'agenda témoigne de l'importance qu'accorde la France à l'Égypte, "un pays de 100 millions d'habitants, absolument essentiel pour la sécurité et la stabilité du Moyen-Orient et de l'Europe", souligne l'Elysée.
Paris y voit aussi "un immense marché" dont la France n'est que le 11e fournisseur. Une percée a toutefois été réalisée ces dernières années, en particulier dans l'armement avec six milliards d'euros de contrats depuis 2015.
Vingt-quatre Rafale ont déjà été livrés et des négociations sont en cours pour l'acquisition de 12 autres mais aucun contrat ne doit être annoncé durant ce voyage.
"Il n'est pas exclu que l'Égypte complète sa flotte de Rafale dans les mois qui viennent mais il n'y aura pas de signature de contrats" lors de la visite, a indiqué la présidence.
Ils cherchent aussi à participer au futur Grand Musée égyptien de Gizeh et à la rénovation du célèbre musée archéologique du Caire.
Paris "préoccupé"
Lundi, Emmanuel Macron sera reçu au palais présidentiel par Abdel Fattah al-Sissi, l'homme fort du pays depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en 2013. Ils discuteront de la lutte antiterroriste et des crises régionales: la Libye, préoccupation majeure de l'Égypte qui partage une longue frontière avec ce pays en plein chaos, ainsi que de la Syrie ou du conflit israélo-palestinien.
Le président français va également "mettre clairement sur la table" les questions très sensibles du respect des droits de l'Homme.
"Nous attendons des messages forts et des changements en terme de pratique, tout particulièrement sur la question du transfert des armes françaises vers l'Égypte", a déclaré Yves Prigent, d'Amnesty International. Sont mises en cause les ventes de blindés légers qui, selon des ONG, ont été utilisés pour réprimer des opposants.
En octobre 2017, lors de la visite de M. Sissi en France, Emmanuel Macron avait refusé de lui "donner des leçons", sur la question des droits de l'homme, provoquant l'indignation d'ONG. Une approche qui a semble-t-il évolué, Paris étant désormais "prêt à assumer publiquement" qu'il a "son mot à dire".
Une trentaine d'accords ou de contrats devraient être signés pour un montant de "plusieurs centaines de millions d'euros" dans les domaines des transports (métro du Caire), des énergies renouvelables (parc éolien), de la santé ou de l'agroalimentaire... Une cinquantaine de patrons, dont ceux d'Orange, de la SNCF, d'Engie, seront présents au Caire. La France cherche aussi à participer au futur Grand Musée égyptien de Gizeh et à la rénovation du musée archéologique du Caire.
"Le président Sissi cherche à attirer des investissements étrangers, notamment français, en Egypte", indique Mostafa Kamel El Sayed, professeur de sciences politiques.
Confronté à une crise économique aiguë après la révolte de 2011, le pays a obtenu un prêt de 12 milliards de dollars du FMI et mis en place des réformes économiques drastiques.
Lors d'une récente visite au Caire, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a salué "les choix courageux" du président Sissi, qui font "de l'Égypte un marché encore plus intéressant pour les entreprises françaises".
Après avoir quitté Le Caire mardi, Emmanuel Macron fera une escale de quelques heures à Chypre pour le sommet Med7 des pays du sud de l'Union européenne.
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