. Première "nuit jaune" ?
Pour contrer la séquence du grand débat ouverte par Emmanuel Macron, les "gilets jaunes" cherchent à renouveler leurs actions.
Comme lors des précédents actes, plusieurs mobilisations sont prévues dans la capitale, dont une marche déclarée à la préfecture reliant les Champs-Élysées et la Bastille en passant par l'Assemblée nationale et Bercy, et une autre entre les places de la Nation et de la Bastille avec "une petite surprise à Benjamin Griveaux".
Mais ce nouvel acte pourrait être marqué par la première "nuit jaune", dont l'idée a été relayée par Eric Drouet, l'une des figures de ce mouvement qui fait vaciller le gouvernement depuis plus de deux mois.
"Il faut garder les manifestations déclarées, pour les personnes fragiles qui ont besoin d'être en sécurité et avoir autre chose à côté", a-t-il expliqué, esquissant les contours d'une "nuit jaune" qui ferait de la place de la République un "rond-point géant" jusqu'à la fin du grand débat, sur le modèle des rassemblements citoyens de Nuit debout en 2016.
Le collectif "La France en colère" de Priscillia Ludosky, qui a rompu avec Drouet, organise également une "marche solidaire aux gilets jaunes des Territoires éloignés" samedi après-midi, entre le ministère des Outre-mer et le siège parisien de Facebook.
A l'ultragauche, un appel a été lancé pour recréer un "black bloc" et un "cortège de tête", point de rendez-vous des militants anticapitalistes, antifascistes, autonomes et anarchistes lors des manifestations contre la Loi travail.
A Bordeaux et Toulouse, places fortes de la mobilisation, les autorités redoutent des débordements après les spectaculaires violences ces dernières semaines.
. Elections, grand débat: des choix qui divisent
Cette semaine a été marquée par de nouvelles divisions internes, après l'annonce de la création par les "gilets jaunes" Ingrid Levavasseur et Hayk Shahinyan d'une liste "Rassemblement d'initiative citoyenne" aux européennes de mai.
Eric Drouet, qui revendique le caractère "apolitique" du mouvement, s'est insurgé contre "une récupération abjecte" comme de nombreux autres "gilets jaunes".
"Ca m'inspire du mépris, du dégoût. Notre plus grande force, c'est la désorganisation, on ne doit pas faire de politique", lâche Luc Benedetti, pizzaïolo marseillais et "gilet jaune" de la première heure.
"On s'éloigne de la réalité du mouvement. On ne répond plus à la notion d'urgence, pour le pouvoir d'achat", estime Jean-Armand, mobilisé à Angoulême. "Si le mouvement des +gilets jaunes+ remet en question le système, notamment celui mis en place par l'Europe, ce n'est pas pour en faire partie", souligne le Lyonnais Yacine Boulaiki.
Le grand débat lancé par l'exécutif crée également des remous. Eric Drouet et son collectif "La France en colère !!!" refusent d'y participer tandis que Priscillia Ludosky a pour sa part formulé des propositions pour y contribuer et faire naître "un nouveau souffle démocratique", dans une lettre ouverte signée notamment par une centaine d'élus locaux et de militants associatifs.
Ils demandent notamment la création d'"un observatoire" des débats et "d'une assemblée citoyenne" qui ferait des propositions donnant lieu à "un référendum à choix multiples" à l'issue des consultations.
. Des "foulards rouges" accusés de manipulation
Au lendemain de l'acte 11, les "foulards rouges" défileront dimanche à Paris dans une "marche républicaine des libertés" pour faire entendre "la majorité silencieuse" et défendre "la démocratie et les institutions".
"Ils ont le droit de s'exprimer" mais "ils défendent leurs patrons" et "on sait que ce mouvement est piloté par Macron. On verra combien il sont", lance Hervé Giacomini, "gilet jaune" de l'Aube.
"Les +foulards rouges+, on sait très bien qu'ils sont pro-LREM", renchérit Céline Lang, une "gilet jaune" de Meurthe-et-Moselle.
Mais pour certains, comme Yves Garrec, gilet jaune et foulard rouge ne sont pas forcément incompatibles. "Je suis à 100% avec eux car j'ai toujours été contre toute forme de violences dans les manifestations", affirme ce gérant d'une entreprise de VTC à Toulouse.
Dans plusieurs villes, des chaînes humaines de "gilets jaunes" sont organisées le même jour.
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