Bienvenue au bar Chez François, rue Écuyère, à Caen. Près du comptoir, sur la carte, est inscrite toute une liste de bières, de vin, ou encore de planches de charcuterie. Un bar comme les autres, au premier abord. Sauf qu'ici, il n'est pas obligatoire de régler l'addition en euros.
Comme Chez François, situé rue Écuyère, 45 commerçants de l'agglomération caennaise ont adopté le Rollon comme moyen de paiement alternatif à l'euro. - Simon Abraham
Le paiement s'effectue aussi en Rollon, la nouvelle monnaie normande, arrivée à Caen en décembre 2018. Celle-ci est 100 % numérique, et s'utilise via une application sur son smartphone ou via une carte de paiement. "Nous souhaitons nous orienter vers une clientèle assez jeune. Cette nouvelle monnaie dématérialisée est un bon outil pour toucher cette cible. Tous les jeunes peuvent se procurer l'application et payer ainsi", explique François Hue.
Favoriser les circuits courts
Comme Chez François, 45 commerçants de l'agglomération caennaise ont adopté le Rollon comme moyen de paiement alternatif à l'euro. Une monnaie locale qui n'a pas vocation à remplacer l'euro, mais à intensifier les relations économiques internes à la Normandie, la monnaie ne pouvant sortir du territoire.
Ainsi, François Hue est payé par certains clients en Rollons. Pour réutiliser cette monnaie, il se tournera ensuite vers un fromager, qui lui aussi accepte le Rollon en moyen de paiement. Ce dernier utilisera également cette monnaie avec ses propres fournisseurs de fromage de chèvre. Et ainsi de suite.
100 000 Rollons sont en circulation dans la région. "Il y a un effet de boucle. La monnaie ne peut pas sortir de la Normandie. Ce dynamisme favorise l'économie normande, les produits normands et les savoir-faire de notre région", explique Lynda Lahalle, conseillère régionale déléguée à l'économie sociale et solidaire.
"Pas assez de communication autour de la monnaie"
Mais un mois après son arrivée à Caen, le Rollon peine encore à se développer au-delà d'un cercle de consommateurs militants d'une économie locale et respectueuse de l'environnement. La boutique Heula, rue Froide, n'a eu que deux achats en Rollon depuis le début de l'année. "Il n'y a pas assez de communication autour de la monnaie", exprime une salariée de la boutique.
Au café Mango, situé place Saint-Sauveur, on note un peu plus de clients : près d'une dizaine. Ce qui représente au total 250 euros de chiffre d'affaires en quelques semaines. "Mais nous avons dû reverser 50 € à l'association qui gère le Rollon. Un sacré taux d'intérêt", rigole un salarié du café.
Mi-décembre 2018, le Rollon a été officiellement présenté pour son lancement à Caen. Les élus Normands en attendent beaucoup. - Simon Abraham
À la fromagerie Conquérant en revanche, on est plus optimiste : "il y a un véritable intérêt pour le Rollon, mais ça va prendre du temps. Nous, on essaie de se fournir en Rollon, et deux restaurateurs clients nous payent de la même manière." Le Rollon va désormais se développer sur l'ensemble des villes de Normandie dans les prochains mois.
Déjà présent à Saint-Lô (Manche) depuis l'été dernier, il arrivera à Rouen (Seine-Maritime) en février ou encore à Cherbourg en juin, pour tenter de valoriser le commerce de proximité. Un beau défi en perspective, si les consommateurs acceptent de jouer le jeu.
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