Entamé mercredi, le débat doit se conclure dans la nuit de jeudi à vendredi par un vote sur l'accord gréco-macédonien signé en juin dernier rebaptisant le pays voisin en "République de Macédoine du nord".
Dehors, devant le Parlement à Athènes, les partisans du "non" sont appelés à manifester jeudi soir à l'appel des organisations défendant "la grécité" de la Macédoine.
Dimanche, un rassemblement de dizaines des milliers de personnes avait fini en affrontements entre un groupe de manifestants encagoulés et les forces anti-émeutes, faisant une quarantaine de blessés, dont au moins quatre journalistes et 25 policiers.
Le gouvernement avait pointé du doigt "des extrémistes" d'Aube Dorée, le parti néo-nazi.
La majorité des partis politiques grecs affiche une opposition farouche au nouveau nom de la Macédoine du Nord: de l'extrême droite aux socialistes du Kinal et aux communistes KKE, en passant par la grande formation de la droite Nouvelle-Démocratie, qui compte 78 députés.
Malgré cette opposition vent debout, l'accord devrait en principe être validé par au moins 151 voix sur les 300 du Parlement.
Après le "oui" des députés de Macédoine du Nord il y a deux semaines, la ratification par le Parlement grec doit être le dernier acte d'une querelle datant des années 90, lors de la création de ce petit pays balkanique.
Outre la normalisation des relations bilatérales, la mise en vigueur de l'accord ouvrira la voie de l'adhésion de la Macédoine du Nord à l'Union européenne et à l'Alliance atlantique, entravée jusqu'ici par le veto d'Athènes.
Mais en Grèce, l'appellation du pays voisin continue à nourrir la polémique à la fois dans la classe politique et dans la société, à quelques mois des élections législatives prévues en octobre.
La coalition gouvernementale d'Alexis Tsipras a été la première victime de cette controverse la semaine dernière: le départ du fidèle allié du Premier ministre, le parti souverainiste des Grecs Indépendants (Anel), et la démission de son leader Panos Kammenos du portefeuille de la Défense ont de facto affaibli la majorité du gouvernement.
Lors d'un vote de confiance, Alexis Tsipras a su s'assurer du soutien de 151 députés, une majorité toutefois fragile.
Outre les 145 élus de son parti Syriza, le Premier ministre mise sur les voix d'au moins quatre autres députés, dissidents des petits partis de centre-gauche Kinal ou Potami.
Manque de consensus
A droite, le dirigeant de Nouvelle Démocratie Kyriakos Mitsotakis a appelé ses députés à "l'unité" en fustigeant un "mauvais" accord.
"Les lignes nationales du pays ont été violées", a-t-il dénoncé en accusant le gouvernement d'avoir cédé au pays voisin "l'identité et la langue macédoniennes".
Pour de nombreux Grecs, surtout du nord du pays, où la province de Macédoine est le lieu de naissance du roi antique Alexandre le Grand, le mot "Macédoine" n'appartient qu'au patrimoine historique grec. Certains redoutent même que le pays voisin ait des tentations d'annexion de la province grecque du même nom.
"Ces inquiétudes sont exagérées", a indiqué à l'AFP Yannis Armakolas, professeur de sciences politiques à l'Université de Thessalonique, déplorant le manque "de consensus des partis" et de "vrai débat public" sur une question d'importance nationale.
Si l'accord n'entre pas en vigueur, "les conséquences de l'échec seront importantes", a prévenu Matthew Nimetz, le médiateur onusien sur la question, dans un entretien à l'Agence de presse grecque Ana.
Le leader de l'opposition Kyriakos Mitsotakis ne cesse lui de réclamer des élections anticipées. Il a promis "une nouvelle négociation" avec le pays voisin, si l'accord n'est pas entériné par le Parlement et en cas de victoire aux prochaines élections.
Mais pour Matthew Nimetz, un nouvel accord "prendrait des années à être conclu, compte tenu du nombre de sujets (négociés dans l'accord actuel), la différence de dynamique politique entre les deux pays et les changements régionaux et internationaux".
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