Après leur tête-à-tête d'une demi-heure, ils se joindront à un déjeuner-débat avec une soixantaine d'élus de la région Auvergne-Rhône-Alpes : les présidents des associations des maires des 12 départements, les parlementaires de la Drôme et la présidente du Conseil départemental, Marie-Pierre Mouton (LR).
Emmanuel Macron et Laurent Wauquiez, deux quadragénaires de la même génération politique, ne se sont jamais entretenus officiellement depuis que Laurent Wauquiez a pris la tête des Républicains en décembre 2017. Auparavant, ils s'étaient rarement croisés.
Ils se rencontrent au moment où tous deux apparaissent fragilisés à quatre mois des élections européennes, premier test électoral du quinquennat. Le chef de l'Etat par deux mois de crise des "gilets jaunes" dont il espère sortir avec le grand débat. Et Laurent Wauquiez parce qu'il peine à s'affirmer comme le principal opposant à Emmanuel Macron, face à la concurrence de Marine Le Pen (RN) et Jean-Luc Mélenchon (LFI).
"Campagne pour les Européennes"
S'il a affirmé le 16 janvier vouloir que les Républicains participent au grand débat, Laurent Wauquiez a précisé mardi qu'il entendait, en se rendant à Valence, éviter que soient "mis sous le tapis les sujets qui ont abouti aux grandes tensions dans lesquelles est tombé le pays".
En citant "la situation des retraités pour lesquels aucune garantie durable n'a été obtenue, le poids des impôts qui pèse sur les classes moyennes et les territoires qui ne veulent plus être méprisés comme ils l'ont été sur les 80 km/h".
A Valence, Emmanuel Macron arrive dans le département le plus pauvre de la région, la drôme, où les "gilets jaunes" restent très mobilisés. Valence a vu défiler le 5 janvier 3.000 manifestants, presqu'autant qu'à Paris (3.500) selon les chiffres officiels.
Début décembre, les manifestations ont connu un pic de violences juste de l'autre côté du Rhône, au Pouzin (Ardèche), de plus à Valence un commissaire divisionnaire a été frappé.
"La venue de Macron, je n'en attends absolument rien. Qu'il écoute et c'est tout : ce débat national, c'est plus une campagne pour les Européennes qu'autre chose. C'est pour endormir le peuple", commente Dominique Bernier, 60 ans, qui anime une page Facebook consacrée aux "gilets jaunes" en Drôme/Ardèche".
La députée LREM de la Drôme, Mireille Clapot, a elle assuré qu'elle se ferait le porte-voix de certaines revendications des manifestants comme le "souhait de justice fiscale" ou la reconnaissance du vote blanc.
Les Français partagés
Le débat avec les élus s'annonce plus court -3h30 prévues - et moins médiatisé que les deux précédents de plus de 6H30 à Grand Bourgtheroulde (Eure) et Souillac (Lot), où des dizaines de maires avaient interpellé, parfois avec virulence, Emmanuel Macron sur les multiples sujets soulevés par les "gilets jaunes" ou le malaise de la ruralité. Cette fois, l'Elysée n'a pas autorisé sa retransmission en direct par les chaînes d'info.
Peut-être en réponse aux voix critiques, comme celle du secrétaire général de la CGT Philippe Martinez qui a dénoncé un grand débat national mené par le gouvernement comme un "grand show de communication". Son appel à la grève le 5 février a reçu le soutien d'Eric Drouet, l'une des figures des "gilets jaunes".
Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales et co-organisateur du débat, s'est, lui, félicité mercredi que la barre des 100.000 contributions sur la plateforme du granddebat.fr ait été franchie en moins de 24 heures.
Les Français semblent mitigés. D'un côté, 67% d'entre eux estiment que cette consultation est "une bonne chose" mais 62% pensent que l'exécutif ne prendra pas en compte ses résultats, selon un sondage OpinionWay pour LCI-Le Figaro-RTL.
mb-bpa-jri-leb/ib/sma
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