Il suffit de se trouver à plusieurs kilomètres autour de l'agglomération de Rouen (Seine-Maritime) pour voir le halo lumineux émis par les villes. Et une fois rentré dedans, lorsqu'on lève les yeux au ciel, impossible d'observer la moindre étoile. "Je n'ai jamais pu voir la voie lactée en 45 ans", regrette Éric Mandon, le président de l'observatoire de Rouen, qui note une "détérioration depuis des dizaines d'années" de la situation dans la ville.
Éteindre l'éclairage public
Il appelle les élus à prendre plusieurs mesures comme de "limiter la hauteur des réverbères" et à "ne plus installer de lampadaires en boule qui éclairent autant le ciel que les trottoirs". Selon l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes, les éclairages publics sont responsables de 94 % des lumières émises la nuit. Mais certaines municipalités ont pris des mesures plus fortes : éteindre leur éclairage public la nuit.
C'est le cas à Bihorel où une expérimentation a été menée dans une partie du quartier du Chapitre jusqu'à la fin de l'année 2018. "Il n'y a pas eu de levée de boucliers de la part des habitants, explique Pascal Houbron, le maire, seules deux ou trois personnes se sont manifestées, craignant une augmentation de la délinquance."
À l'observatoire de Rouen, il est difficile d'observer dans de bonnes conditions les étoiles. - DR
Il n'en a rien été selon l'édile qui souligne également les économies générées par cette extinction de l'éclairage public la nuit. La mesure est ainsi étendue à l'ensemble du quartier du Chapitre et désormais, à celui de vieux Bihorel. "Je suis personnellement favorable à cette mesure. Cela permet de revoir le ciel et de se sentir bien plus dans la nature."
Trop d'enseignes lumineuses
"Il y a aussi des mesures de bon sens comme l'extinction, la nuit, des enseignes lumineuses", plaide Éric Mandon. Il est ainsi obligatoire, depuis le 1er juillet 2018 (d'après un décret datant de 2012 mais rentrant en application seulement à partir de cette date) pour les commerces, d'éteindre leurs enseignes lumineuses et leur vitrine entre 1 heure et 6 heures du matin. Mais, sur le terrain, aucun contrôle spécifique n'a été mené : "Il n'y a pas, à notre connaissance, de sanction pour l'instant", affirme José Ortuzar, le vice-président des Vitrines de Rouen, qui rassemblent 600 adhérents.
Pour lui, ce ne sont pas les commerces indépendants qui sont ciblés, puisqu'ils "éteignent leur enseigne lorsqu'ils finissent leur journée", mais plutôt les grands magasins. "Les centres commerciaux restent éclairés toute la nuit pour leur sécurité, poursuit José Ortuzar, certaines marques ont aussi des consignes pour laisser leur vitrine allumée." Il note tout de même des efforts engagés par des magasins qui remplacent leurs éclairages par des LED afin de réduire leur consommation d'énergie.
D'autres boutiques "s'équipent d'horloges lorsqu'ils rénovent leurs locaux pour programmer des extinctions de leur lumière la nuit". À noter aussi certaines exceptions comme les pharmacies qui peuvent laisser leurs éclairages allumés toute la nuit.
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