L'attentat intervient moins d'une semaine après une attaque meurtrière également revendiquée par l'EI contre une patrouille américaine à Minbej (nord), alors que Washington a annoncé en décembre le retrait à venir des troupes qui avaient été déployées en Syrie pour lutter contre les jihadistes.
Lundi, cinq combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), l'alliance arabo-kurde soutenue par Washington, ont été tués dans l'attentat survenu dans la province de Hassaké (nord-est), a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Un convoi des troupes américaines escorté par les FDS a été pris pour cible par un kamikaze au volant d'une voiture piégée", sur la route reliant la ville de Hassaké à celle de Chadadi, a précisé à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Le porte-parole de la coalition internationale antijihadistes emmenée par Washington a confirmé sur son compte Twitter un attentat contre "un convoi conjoint des Etats-Unis et d'une force syrienne partenaire".
"Il n'y a pas de victimes américaines", a-t-il précisé. Selon l'OSDH, deux soldats américains ont été blessés.
Un témoin contacté par l'AFP a affirmé que l'explosion avait eu lieu à proximité d'un barrage de contrôle des forces kurdes, près de Chadadi. Des avions survolaient le secteur avant qu'il ne soit entièrement bouclé, a-t-il précisé.
Menaces de l'EI
Dans un communiqué, la police kurde des Assayech a confirmé une attaque mais assuré qu'il n'y avait "pas de pertes humaines", précisant que seule une policière avait été "légèrement blessée".
L'EI a revendiqué "une attaque suicide menée avec une voiture piégée", selon son organe de propagande Amaq.
Le groupe jihadiste a menacé les forces américaines et leurs alliés de nouvelles attaques, affirmant sur l'application Telegram que "ce qui leur est arrivé à Hassaké et à Minbej n'est que le début".
Le 16 janvier, dix civils et cinq combattants des forces arabo-kurdes ont été tués dans un attentat revendiqué par l'EI à Minbej. Quatre Américains ont également péri: deux militaires, un employé civil du ministère de la Défense et un employé d'un sous-traitant du Pentagone.
Il s'agissait de l'attaque la plus meurtrière contre les forces américaines en Syrie, au vu des chiffres du Pentagone.
Ces violences interviennent alors que les Etats-Unis ont annoncé le mois dernier le prochain départ de Syrie des quelque 2.000 soldats américains, justifiant ce désengagement par la défaite de l'EI.
Mais les jihadistes, acculés dans des petits secteurs dans l'est de la Syrie, continuent à perpétrer des attentats meurtriers.
Territoire morcelé
Minbej constitue un des principaux points de contentieux entre la minorité kurde de Syrie, qui a instauré une autonomie de facto dans le nord et le nord-est du pays en guerre, et le voisin turc, qui voit d'un mauvais oeil cette émancipation, craignant qu'elle ne ravive les velléités indépendantistes de la communauté sur son propre territoire.
En décembre, Ankara avait menacé de lancer une nouvelle offensive pour déloger de sa frontière la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG).
Lors d'un entretien téléphonique dimanche avec M. Trump, le président turc Recep Tayyip Erdogan "a indiqué que la Turquie était prête à assurer, sans perdre de temps, la sécurité dans la région de Minbej".
Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes territoires en Syrie et en Irak, l'EI a été mis en déroute par de multiples offensives lancées dans ces deux pays.
Dans l'est syrien, un ultime bastion des jihadistes est toujours la cible d'une offensive des FDS, soutenues par les raids aériens de la coalition anti-EI.
Outre ce réduit, l'EI est présent dans un secteur du désert syrien qui s'étend du centre du pays à la province de Deir Ezzor. C'est dans cette zone que des affrontements sporadiques opposent les jihadistes aux forces progouvernementales.
L'ancien envoyé spécial américain pour la coalition internationale antijihadiste, Brett McGurk, qui a démissionné de ses fonctions après l'annonce du retrait américain, déplorait pour sa part dimanche que Washington n'ait "pas de plan" pour ce qui devait suivre, après le désengagement.
Déclenché en 2011 avec la répression de manifestations par le pouvoir de Bachar al-Assad, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé.
Il a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
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