"Le gouvernement sait et comprend que l'ELN n'a aucune volonté de paix", a affirmé le Haut commissaire pour la paix, Miguel Ceballos, lors d'une conférence de presse au lendemain de l'attaque visant l'école de la police nationale, qui n'a pas été revendiquée.
"Un acte terroriste commis par l'ELN a fauché ces vies" d'étudiants de l'Ecole d'officiers Général Francisco de Paula Santander, située dans le sud de la capitale, a déploré le ministre de la Défense, Guillermo Botero.
Le gouvernement a à nouveau dénoncé le fait que des guérilleros de l'ELN se réfugiaient au Venezuela voisin, avec lequel Bogota a rompu ses relations, le président colombien Ivan Duque accusant son homologue Nicolas Maduro de diriger une "dictature".
Selon M. Botero, l'auteur de l'attaque, José Aldemar Rojas Rodriguez, 56 ans, était membre depuis plus de 25 ans de la rébellion et se rendait régulièrement "au Venezuela pour former au maniement des explosifs des membres de l'ELN présents dans ce pays".
Connu sous le nom de guerre de "Mocho Kiko" - qui peut se traduire par Le Manchot du fait qu'il avait perdu la main droite dans une explosion - il appartenait au front Domingo Lain, opérant dans l'Arauca, département frontalier du Venezuela.
Opération longuement planifiée
Le ministre a en outre désigné comme cerveaux de l'attentat les rebelles de l'ELN, dont les pourparlers avec le gouvernement sont suspendus. Il a ajouté que l'opération "était planifiée depuis plus de dix mois".
Les autorités se sont refusées à parler d'un attentat suicide, qui serait une première en Colombie.
L'auteur de l'attaque, de nationalité colombienne, a fait irruption jeudi matin dans l'enceinte de l'école de police, la principale du pays, au volant d'une camionnette grise Nissan Patrol, chargée de 80 kilos de pentolite, selon la police.
Repéré par un chien formé à la détection des explosifs, selon des policiers, il a forcé l'entrée de l'école et son véhicule est allé percuter le bâtiment du dortoir des filles. Il a été tué dans l'explosion, qui a fait en outre 20 morts et 68 blessés.
Le chef de l'Etat a décrété un deuil national de trois jours suite à cette attaque, la plus meurtrière de ces seize dernières années dans la capitale d'une Colombie peinant à sortir de plus d'un demi-siècle de conflit armé.
Elle a été qualifiée d'"acte terroriste démentiel" par ce président de droite qui a durci le ton envers l'ELN, exigeant qu'elle libère ses otages, évalués à 17, et cesse ses activités criminelles avant de reprendre les pourparlers.
Selon des experts, l'attentat risque de porter un coup fatal à ces négociations entamées en 2017 avec son prédécesseur Juan Manuel Santos (2010-2018), mais que M. Duque a laissées en suspens depuis son arrivée au pouvoir en août.
"Le processus de paix avec l'ELN est mort", a déclaré à l'AFP l'analyste Ariel Avila, de la Fondation Paix et Réconciliation. "La guerre va continuer", a-t-il ajouté, estimant qu'une future négociation ne serait possible qu'avec un autre gouvernement et "seulement si le Venezuela nous aide".
"Il est fort probable que le président Duque décide de rompre les négociations de paix avec l'ELN", a lui aussi estimé Frédéric Massé, expert du conflit armé, selon lequel l'attaque pourrait être "l'oeuvre des éléments les plus radicaux de l'ELN (...) pas vraiment convaincus de l'utilité de négocier".
L'ELN, dernière guérilla de Colombie
Avec environ 1.800 combattants, l'ELN est considérée comme la dernière guérilla du pays, depuis le désarmement des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et leur transformation en parti politique suite à l'accord de paix de 2016.
En février 2003, un autre attentat à la voiture piégée, organisée par les Farc, avait fait 36 morts et des dizaines de blessés au Nogal, un club huppé du nord de Bogota.
L'attaque de jeudi a été unanimement condamnée, en particulier par l'ONU, les Etats-Unis, l'Union européenne, la France et même le Venezuela, ainsi que par le parti Farc.
Il y a un an, le 29 janvier 2018, la police avait été la cible d'un autre attentat à la voiture piégée, revendiquée par l'ELN, à Barranquilla (nord). Six policiers avaient été tués et 40 blessés.
En 2017, Bogota, qui compte huit millions d'habitants, avait été le théâtre de deux attaques meurtrières, dont une en février revendiquée aussi par l'ELN et dans laquelle un policier avait été tué.
Bien que l'intensité du conflit ait diminué depuis l'accord avec les Farc, la Colombie reste affectée par une guerre fratricide, qui au fil des décennies a impliqué une trentaine de guérillas, paramilitaires et forces de l'ordre, faisant plus de huit millions de victimes - morts, disparus et déplacés.
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