Élu voix de l'année 2017 par les Victoires du jazz. Le chanteur anglo-saxon, après avoir exploré le patrimoine jazz dans ses précédents albums, nous livre avec Who's happy, un album plus personnel teinté d'influences New-Orléans. Un petit bijou dont il nous parle avec simplicité.
Comment ce nouvel album a vu le jour ?
"Le morceau qui a vraiment donné le ton à cet album c'est The Sinner dans lequel je parle du rapprochement dangereux du nationalisme et de la religion. Quoique le sujet soit profond et grave je voulais lui donner une couleur un peu farfelue et je me suis inspiré du son des fanfares de La Nouvelle-Orléans. Je dédie une autre chanson à Stagger Lee, un tueur en série et dans Sugar Coated pill, je prends le pouls de cette Amérique malade mais, malgré le thème, j'ai choisi de créer un décalage en donnant aux mélodies un aspect festif. Je voulais cependant éviter l'écueil du cliché alors certains titres s'éloignent de l'héritage New-Orléans et s'ouvrent à d'autres univers jazz."
Pourquoi avez-vous choisi d'évoquer des thèmes d'actualité ?
"Je suis allé à La Nouvelle-Orléans avec le désir de dénicher les musiciens qui m'accompagneraient sur l'album. J'ai découvert une ville vraiment cosmopolite, culturellement très riche mais j'ai malheureusement pu également constater un net clivage entre les classes sociales les plus défavorisées et les plus aisées. Les ravages de Katrina sont encore visibles et c'est une Amérique en profonde détresse que j'ai découvert. J'ai beaucoup échangé avec les locaux et ces témoignages m'ont inspiré plusieurs titres sur l'album. Mais je parle aussi de sujets très personnels comme la maladie de mon père. Cet album garde cependant toujours une note positive : c'est une quête permanente de la joie malgré les épreuves."
Comment avez-vous recruté vos musiciens ?
"J'étais déjà passé le temps d'un concert à La Nouvelle-Orléans en 1997 avec mon groupe Hoax mais cette fois j'ai pris le temps de m'imprégner de l'atmosphère musicale de cette ville mythique. J'ai assisté à de nombreux concerts lors de mon séjour en 2017 : c'est une ville où l'on entend en permanence des groupes jouer ! Il m'a fallu ensuite rencontrer des musiciens qui seraient intéressés par mon projet et grâce aux contacts du guitariste Freddy Koella mon complice de longue date qui a accompagné Bob Dylan et qui a co-réalisé l'album Who's happy, j'ai pu dénicher des artistes talentueux. Le disque a été enregistré directement sur place à la Nouvelle-Orléans."
Quel a été le processus de création ?
"C'est toujours la musique qui prime. Je compose à la guitare puis je jette quelques phrases au hasard sur mes mélodies, et quand elles sonnent bien, je brode le texte à partir de cette base. Le précédent album était plus pop, pour celui-ci je voulais vraiment rester dans un univers jazz et pour cela conserver toute ma spontanéité. Je me suis donc contraint à une session d'écriture intense et c'est seulement en deux trois jours que la trame de l'album à vu le jour. Ce travail rapide m'a permis de conserver une certaine fraîcheur. Quand on travaille trop longtemps des morceaux, on risque un désenchantement. Cette fois, j'ai laissé aussi davantage de place aux musiciens, c'était une façon nouvelle de travailler pour moi, mais cela m'a offert beaucoup plus de libertés et de belles surprises."
Vendredi 25 janvier 2019 à 20 heures à l'auditorium du conservatoire de Rouen. 5 à 21€. letincelle-rouen.fr
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