De l'aveu de l'un d'entre eux, les Gilets jaunes "ne sont pas vraiment emballés" par le grand débat national qui s'est ouvert mardi 15 janvier 2019. Timoléon Cornu, 27 ans, vient chaque samedi grossir les rangs du cortège caennais de Gilets jaunes. Ce débat, solution proposée par l'exécutif pour tenter de résoudre la crise, il l'attendait tout de même "avec impatience. J'espère sincèrement que ça va aboutir à quelque chose. Mais est-ce que les gens vont se rendre dans les mairies pour débattre ?"
Les modalités d'organisation du grand débat restent d'ailleurs encore floues au moment de son lancement. Au lendemain du déplacement du chef de l'État dans l'Eure, la mairie de Caen (Calvados) confiait ne toujours pas avoir de consignes.
Une consultation trop tardive ?
Seule précision apportée par le Premier Ministre, Édouard Philippe : "le grand débat national se déploiera tout d'abord à partir des réunions d'initiatives locales". La liste de celles-ci est disponible sur le site www.granddebat.fr. Les réunions ne sont pas réservées aux élus, chaque citoyen peut proposer un débat et des kits d'organisation seront d'ailleurs fournis. Invités par Emmanuel Macron à Grand-Bourgtheroulde pour lancer le grand débat, les maires vont se trouver en première ligne. Gérard Leneveu, maire communiste de Giberville, assure toutefois qu'il ne veut pas "servir de bouc émissaire" et se dit "interrogatif" sur les résultats à venir. Et surtout, après deux mois de mobilisation, il ne sait pas si l'initiative pourra calmer la colère des Français. "Il a fallu toutes ces manifestations pour qu'enfin on engage une consultation", confie-t-il. "Je vais m'investir comme d'autres maires mais je crains fort que ça soit malheureusement trop tard."
Gérard Leneveu, maire communiste de Giberville,a été le premier à proposer un cahier de doléances dans le Calvados.
Démocratie directe et pouvoir d'achat
Ce qui est sûr, c'est que les Gilets jaunes ne comptent pas stopper leur mobilisation pendant les deux mois du grand débat. "On va continuer à mettre la pression sur le gouvernement et les politiques", assure Timoléon Cornu. "On va poursuivre les actions pacifiques. Il faut continuer à être visibles." Comment lancer le débat sereinement ? Le Gilet jaune attend un geste fort du président de la République. "Il est trop distant, trop arrogant", regrette Timoléon Cornu. "Il donne l'impression de ne pas mesurer la gravité. Or, on a besoin qu'il donne envie de débattre." Pour l'instant, à Caen comme à Giberville, les habitants se sont relativement peu déplacés pour remplir les cahiers de doléances installés en mairie. Deux grandes thématiques semblent toutefois se dégager : la démocratie directe, avec l'instauration du référendum d'initiative populaire ou d'un scrutin proportionnel pour élire les députés, et l'augmentation du pouvoir d'achat (retraites, SMIC, salaires, etc.). Le retour de l'impôt sur la fortune est aussi réclamé. Autant de sujets qui seront discutés pendant deux mois. "Ce débat, c'est la dernière chance pour l'exécutif", estime Timoléon Cornu. "Si on n'obtient rien, je pense que l'été sera chaud."
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