La dirigeante conservatrice a commencé à les recevoir mercredi soir, dès la confirmation de l'échec de la motion de censure déposée par les travaillistes, pour tenter de dégager enfin une position commune à moins de trois mois de la date prévue du Brexit. Mais il faudra auparavant qu'elle renonce à l'éventualité d'une sortie sans accord de l'Union européenne, lui ont-ils signifié.
Le leader des travaillistes, Jeremy Corbyn, a lui catégoriquement de la rencontrer tant que ce n'est pas le cas.
"Déçue" de ce "niet" des travaillistes, la Première ministre a précisé que sa porte restait "ouverte". Après deux ans et demi passés à tenter de rassembler, sans succès, son propre parti autour d'un projet de Brexit commun, elle a assuré travailler dans un "esprit constructif", appelant ses opposants politiques à faire de même.
"Ce ne sera pas une tâche facile mais les députés savent qu'ils ont le devoir d'agir dans l'intérêt national, d'arriver à un consensus", a-t-elle déclaré devant le 10 Downing Street mercredi soir, peu après avoir rencontré les chefs des libéraux démocrates, des nationalistes écossais du SNP et du parti nationaliste gallois Plaid Cymru.
Jeudi, elle doit s'entretenir avec l'unique députée des Verts, Caroline Lucas, des eurosceptiques de son Parti conservateur et le petit parti unioniste nord-irlandais DUP, un allié intransigeant mais dont les dix députés lui ont permis de survivre à la motion de censure travailliste, ne l'emportant qu'avec une très faible marge de 325 voix contre 306.
Quels compromis?
Theresa May a jusqu'à lundi pour proposer un "plan B". Mais son gouvernement est toujours divisé sur les compromis envisageables.
Selon le Times, la ministre des relations avec le Parlement Andrea Leadsom et d'autres eurosceptiques veulent toujours que soit limité dans le temps le "filet de sécurité", solution de dernier recours pour éviter le retour d'une frontière terrestre entre l'Irlande et l'Irlande du Nord, très décriée par les Brexiters. Ils veulent aussi que soit incluse dans le plan B la promesse de négocier un accord de libre échange sur le modèle canadien.
De son côté, l'europhile ministre des Finances Philip Hammond a assuré que le scénario d'une sortie sans accord de l'UE, qui inquiète les milieux économiques, serait abandonné, lors d'une conversation téléphonique avec des chefs d'entreprises mardi, rapportée in extenso par le quotidien Telegraph.
Le gouvernement aborde les discussions transpartisanes avec un esprit "très ouvert" mais reste déterminé dans son objectif de pouvoir mener une politique commerciale indépendante après le Brexit, a lui affirmé le président du parti conservateur, Brandon Lewis.
"Cela signifie que nous ne pouvons pas rester dans l'actuelle union douanière", a-t-il déclaré jeudi à la BBC.
Nouveau référendum
Plus de 170 figures du monde économique réclament eux une nouvelle consultation des Britanniques sur le Brexit. "La priorité maintenant est d'empêcher qu'on sorte de l'UE sans aucun accord. Pour ce faire, le seul moyen envisageable est de demander aux citoyens s'ils veulent toujours quitter l'UE", écrivent-ils dans une lettre publiée jeudi par le Times.
Cependant, a souligné Brandon Lewis, le gouvernement ne pense pas qu'un nouveau référendum soit "la bonne façon de procéder". Mme May l'a exclu jusqu'ici, estimant que ce ne serait pas démocratique.
L'organisation d'un second référendum est également défendue par le SNP, le Parti libéral-démocrate, le Plaid Cymru et les Verts, qui pressent le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn de leur emboîter le pas.
Mais malgré la pression de sa base et de sa garde rapprochée, également favorable à ce scénario, M. Corbyn se refuse pour l'instant à l'envisager. L'échec de sa motion de censure, qui éloigne la perspective de nouvelles élections, pourrait toutefois l'amener à changer d'avis.
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