Les juges ont rejeté la demande du procureur de maintenir l'homme de 73 ans en détention, qui était accusé de crimes contre l'humanité commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011 en Côte d'Ivoire, où plus de 3.000 personnes avaient été tuées.
Ce nouveau revers pour l'accusation a été salué par les partisans de Laurent Gbagbo venus le soutenir devant la CPI, où ils dansaient et applaudissaient.
"A la majorité, la chambre de première instance a constaté qu'il n'y avait pas de circonstances exceptionnelles allant à l'encontre de la mise en liberté de M. Laurent Gbagbo et M. Charles Blé Goudé (ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes) suite à leur acquittement" mardi, ont annoncé les juges.
Les procureurs ont la possibilité de faire appel de cette décision, a précisé la Cour basée à La Haye. Ils ont déjà exprimé leur intention de faire appel de l'acquittement des deux hommes.
La chambre a demandé "au greffier d'obtenir auprès de M. Gbagbo et de M. Blé Goudé les assurances nécessaires de leur retour devant la Cour" dans le cas où leur présence serait requise à l'avenir.
Les juges n'ont communiqué aucune précision sur le temps qu'il faudrait pour les libérer du centre de détention de la CPI. Dans des affaires similaires, il a fallu plusieurs jours à la Cour afin d'organiser la libération des suspects acquittés.
"Le lieu de la mise en liberté dépendra des observations des personnes concernées et de l'accord de l'Etat ou des Etats concernés".
"Submergés de joie"
L'annonce de l'acquittement de Laurent Gbagbo a provoqué des scènes de liesse chez leurs partisans en Côte d'Ivoire mais aussi un appel des autorités à "garder de la compassion pour les victimes" et suscité des critiques de la CPI qui subit un nouveau camouflet.
"Nous sommes tellement submergés de joie", a déclaré mercredi Marie Laurence Gbagbo, la fille de Laurent Gbagbo, devant la CPI. "Nous n'avons pas encore été autorisés à lui parler parce que je pense que la paperasse est en cours de traitement. Mais nous supposons que le plan est de retourner en Côte d'Ivoire".
"C'est l'espoir et le plan", a-t-elle expliqué, ajoutant ne pas savoir "combien de temps cela prendra".
En Côte d'Ivoire, M. Gbagbo est toujours sous le coup d'une condamnation de 20 ans qui date de janvier 2018 pour crimes économiques. Il est cependant peu probable que la police ivoirienne tente de l'arrêter s'il retourne dans le pays.
"La décision de revenir" en Côte d'Ivoire "lui appartient", a annoncé mercredi le gouvernement ivoirien après avoir appelé dans la journée "l'ensemble des populations au calme, au pardon et à la réconciliation".
En détention depuis plus de sept ans, Laurent Gbagbo était jugé pour des crimes commis pendant la crise de 2010-2011, née de son refus de céder le pouvoir à son rival, l'actuel président ivoirien Alassane Ouattara.
Il avait finalement été arrêté en avril 2011 par les forces du président Ouattara, soutenues par l'ONU et la France. Il est le premier ancien chef d'État à avoir été remis à la CPI.
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé étaient accusés de quatre chefs de crimes contre l'humanité: meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains, pour lesquels ils ont toujours plaidé non coupable.
La plupart des tentatives de la Cour de juger des personnalités politiques de haut rang – presque toutes en Afrique – se sont soldées par des échecs ou des acquittements.
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