"Nous fuyons le chômage, la violence et JOH (le président hondurien Juan Orlando Hernandez)", ont déclaré à l'unisson six migrants interrogés par l'AFP tandis qu'ils marchaient en groupe sur le bas-côté de la route.
Répondant à un message sur les réseaux sociaux qui annonçait une "Caravane de migrants le 15 janvier", une première colonne de plus d'un demi-millier de personnes a quitté lundi soir sous une pluie battante la gare routière de San Pedro Sula. La deuxième ville du Honduras, à 180 km de Tegucigalpa, avait été fixée comme lieu de rendez-vous.
Mardi à l'aube, un second groupe de quelque 500 migrants a aussi pris la direction de la frontière avec le Guatemala, première étape de leur longue marche vers les États-Unis.
En majorité, ces migrants sont des hommes jeunes, mais des personnes âgées, des femmes et des enfants, certains dans les bras de leurs parents, sont aussi du voyage.
Selon la police, quelque 200 migrants avaient déjà franchi la frontière avec le Guatemala, à Agua Caliente (nord-ouest) mardi matin.
Un groupe a cependant été stoppé par les autorités honduriennes car leurs enfants n'avaient pas de passeport ou d'autorisation de sortie du territoire.
"Ils ne me laissent pas passer car ils demandent un passeport ou une autorisation du père", explique Saira Claros, 24 ans, à propos de sa fille de neuf mois. "Le père a été tué quand elle avait quatre mois", se lamente-t-elle.
Au total, une soixantaine de mineurs -- dont certains avaient pu rejoindre la caravane à l'insu de leurs parents-- ont été appréhendés à la frontière, selon la vice-ministre des Affaires étrangères, Nelly Jerez. Selon elle, la nouvelle caravane compte entre 800 et 1.000 personnes.
Parallèlement, la police guatémaltèque a activé un plan "pour assurer la protection des droits humains des migrants sur les routes et dans les abris temporaires".
"Un drone ne va pas les arrêter"
"Dans ce pays, il n'y a rien : seulement du chômage, de la corruption, de la violence, du racket... C'est pourquoi nous partons", explique Darwin Omar Reyes, 19 ans.
Marlin Alcantara, 31 ans, et ses deux filles de 9 et 13 ans ont pris place dans un pick-up avec une vingtaine d'autres personnes. Marlin pense pouvoir bénéficier de l'asile aux États-Unis en invoquant les violences dont elles ont été victimes de la part de son beau-père.
Kevin Ramos, 18 ans, est au chômage et part sur les conseils de son père : "avec l'aide de Dieu nous pourrons avoir un petit boulot aux États-Unis".
Aux États-Unis, où le refus du financement d'un mur frontalier par les Démocrates a provoqué le plus long "shutdown" (fermeture d'administrations fédérales) de l'histoire, toujours en cours, Donald Trump a de nouveau mis en garde contre un afflux de migrants à la frontière mexicaine.
"Une nouvelle grande caravane se dirige vers notre frontière depuis le Honduras. Dites à Nancy et Chuck (les chefs de file démocrates au Congrès américain) qu'un drone ne va pas les arrêter", a tweeté mardi le président américain. "Il n'y a qu'un mur, seulement un mur ou une barrière d'acier, qui marchera, qui assurera la sécurité de notre pays", a-t-il ajouté pour réclamer le financement de l'ouvrage.
Le 13 octobre, une première colonne de 2.000 Honduriens était partie de San Pedro Sula, suivie d'une seconde de moindre importance quatre jours plus tard. D'autres caravanes de migrants avaient ensuite quitté le Salvador et le Guatemala, toujours avec les États-Unis comme objectif.
Selon l'ambassade du Honduras à Mexico, seuls 3% des quelque 2.500 migrants honduriens massés dans des refuges au Mexique ont une chance de pouvoir passer aux États Unis.
Le ministère hondurien des Affaires étrangères estime que 7.270 membres des différentes caravanes sont rentrés dans leur pays ces derniers mois.
Dans l'intervalle, onze d'entre eux sont morts: la dernière victime est un jeune homme de 23 ans qui a été écrasé par un train au Mexique.
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