Opéré pendant la nuit durant cinq heures, M. Adamowicz "reste branché sur des appareils, il est dans un état très grave et le pronostic concernant sa vie et sa santé est incertain", a dit le chef des services de santé de la région, le docteur Jerzy Karpinski, cité par l'agence PAP.
Le maire, âgé de 53 ans, a perdu une "quantité énorme" de sang, ce qui a provoqué une hypoxie (diminution du taux d'oxygène dans le sang), a-t-il poursuivi. "Le manque d'oxygène dans tout l'organisme, les dommages qu'il cause à tous les tissus font qu'il nous faut attendre et garder l'espoir".
Des centaines de personnes ont répondu lundi matin à Gdansk à un appel au don du sang. “On a aujourd'hui trois fois plus de donneurs que d'habitude. C'est une marque de solidarité après ce drame”, a dit à l'AFP Wiktor Tyburski, directeur du Centre régional de collecte de sang jouxtant l'hôpital universitaire où le maire est soigné.
Choc
L'agression a provoqué un choc en Pologne, pays qui n'a pratiquement pas connu d'incident violent de ce genre depuis la chute du communisme il y a trente ans, hormis l'assassinat par balle à Lodz en 2010 d'un membre du PiS (Droit et Justice, conservateur) par un homme jugé responsable de ses actes qui avait invoqué sa "haine" de ce parti alors dans l'opposition.
Certains commentateurs se demandent si l'attaque de Gdansk a été favorisée par la violence du débat politique entre le PiS aujourd'hui au pouvoir et l'opposition centriste.
“Je pense que l'ambiance générale en Pologne peut y être pour quelque chose. On s'insulte, on s'attaque mutuellement. Il y a bien un climat d'agressivité dans l'air”, a déclaré à l'AFP Zygmunt, un habitant trentenaire de Gdansk, en quittant le centre de transfusion sanguine.
L'agresseur, un homme de 27 ans sorti de prison il y a quelques semaines après avoir purgé plus de cinq ans de détention pour plusieurs attaques à main armée contre des banques à Gdansk, s'en est pris au principal parti d'opposition, la Plateforme civique (PO).
Avant d'être interpellé sur le podium où il a poignardé M. Adamowicz, cet homme a affirmé avoir été jeté en prison, alors qu'il était innocent, et "torturé" par la PO, soutien de la candidature de M. Adamowicz aux municipales de l'automne dernier. "C'est pourquoi Adamowicz meurt", a-t-il lancé.
Motivations personnelles
Mais, d'après les premiers renseignements, les motivations de l'agresseur, identifié comme Stefan W., semblent plus personnelles que politiques. Lors de son séjour en prison, sa santé psychique se serait fortement dégradée, selon les médias.
Les Polonais s'interrogent aussi sur la sécurité entourant l'événement public, assurée par une société privée. Selon des témoins, l'agresseur était muni d'un badge "médias" qui lui aurait permis de monter sur le podium.
Le maire a subi une grave blessure au cœur et d'autres blessures au diaphragme et aux organes dans la cavité abdominale, selon les médecins. Il a été transfusé avec environ quinze litres de sang.
Président (maire) de Gdansk depuis 1998, M. Adamowicz, 53 ans, a été réanimé sur place avant d'être transporté à l'hôpital universitaire.
L'attaque s'est déroulée peu avant 20h00 (19H00 GMT) devant quelques centaines de personnes, sur un podium dressé pour une action caritative nationale de collecte de fonds pour l'achat d'équipements hospitaliers.
Le président polonais Andrzej Duda, le Premier ministre Mateusz Morawiecki, et la quasi-totalité des responsables politiques polonais, au pouvoir et dans l'opposition, ainsi que plusieurs hauts responsables européens dont le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, ont exprimé leur solidarité avec M. Adamowicz.
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