Des mots pour répondre aux actes: après deux mois de crise, la balle revient dans le camp du chef de l'Etat et du gouvernement, qui seront à la manoeuvre en début de semaine pour tenter d'apaiser les "gilets jaunes".
Ceux-ci ont montré leur détermination samedi en défilant plus nombreux - 84.000 dans toute la France contre 50.000 la semaine précédente, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur.
Un "succès total", a considéré sur Twitter le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, en jugeant que "le pouvoir est dans l'impasse".
Ce neuvième acte a été marqué par 244 interpellations sur tout le territoire mais au final moins de violences que redouté par les autorités. "La responsabilité l'a emporté sur la tentation de l'affrontement", a salué le ministre Christophe Castaner.
La focale va se déplacer vers le grand débat national de deux mois promis par Emmanuel Macron en décembre, en complément de mesures sur le pouvoir d'achat (augmentation de 100 euros net pour les salariés autour du Smic, CSG des retraités, défiscalisation des heures supplémentaires, prime exceptionnelle...).
Le chef de l'Etat étalonnera ainsi sa capacité d'entraînement, en invitant dans une lettre les Français à saisir l'opportunité de dialoguer, avant d'inaugurer lui-même l'exercice mardi dans une petite commune de l'Eure, Grand Bourgtheroulde, aux côté de 600 maires et élus de Normandie.
Quatre thèmes sont sur la table: pouvoir d'achat, fiscalité, démocratie et environnement. Est exclue toute remise en cause de l'IVG, la peine de mort et le mariage pour tous.
Mais le débat est déjà contesté. Samedi dans le cortège strasbourgeois des "gilets jaunes", Jean-Jacques, 59 ans, jugeait ainsi que "le débat, c'est dans la rue, pas dans une salle ou sur internet. C'est maintenant qu'il faut discuter. Je ne pense pas que quelque chose de positif va sortir de ça".
Un ministre se gratte la tête: comment faire participer, "c'est la vraie question". "Pour que les gens viennent, il faut qu'il y ait de l'ordre. Et moins de haine", prévient-il.
Un "cadre", sans "enfermer"
La missive signée par le chef de l'Etat devra donner "un cadre sans donner l'impression d'enfermer", plaide ce ministre, en espérant que M. Macron en profite pour "remettre de la perspective" et "positiver sur la capacité des gens à +refaire société+".
"Il y a une vraie prise de conscience, rien ne sera pareil après ce grand débat, il doit nous obliger", assure le secrétaire d'Etat Mounir Mahjoubi.
"L'enjeu est que la lettre montre que le débat peut être utile, peut servir à quelque chose", ajoute un proche du chef de l'Etat, anticipant "un moment qui doit être à la fois grave, car on discute de choses pas faciles, et joyeux car c'est intéressant d'écouter le point de vue des autres".
"Pour la société française", le débat "peut être très important, et bénéfique, même si beaucoup vont essayer de l'entraver", a considéré le patron du MoDem François Bayrou, samedi dans La République des Pyrénées.
Les modalités de cette consultation inédite en France doivent être précisées lundi par le Premier ministre Édouard Philippe. Le pilotage reste encore à définir, après la défection cette semaine de la présidente de la Commission nationale du débat public Chantal Jouanno, à la suite d'une polémique sur sa rémunération.
Un "comité de garants" pourrait être installé, possiblement chapeauté par une personnalité comme le Défenseur des droits et ancien ministre Jacques Toubon, ou encore le Haut Commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye.
"Pour l'instant, je n'ai aucune demande en ce sens", a tempéré samedi auprès de l'AFP M. Delevoye, "pleinement mobilisé sur la concertation pour les retraites" dont la reprise est fixée au 21 janvier.
A LIRE AUSSI.
Macron s'évertue à convaincre qu'il entend la colère des "gilets jaunes"
"Gilets jaunes": l'arrestation d'Éric Drouet provoque l'indignation avant "l'acte VIII" du mouvement
"Gilets jaunes": Macron et Philippe en mission pour éviter un "acte V"
L'exécutif espère enfin discuter directement avec les "gilets jaunes"
"Gilets jaunes": l'exécutif attaque une semaine décisive pour sortir de la crise
- affrontements
- ancien ministre
- Chantal Jouanno
- chiffres du ministère
- Christophe Castaner
- csg des retraités
- edouard philippe
- Emmanuel Macron
- Eure
- france
- françois bayrou
- gilets jaunes
- jacques toubon
- Jean-Luc Mélenchon
- jean-paul delevoye
- normandie
- peine de mort
- pouvoir d'achat
- proche du chef
- réforme des retraites
- retraites jean-paul delevoye
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.