"L'heure est venue de dépasser les vieilles rivalités pour le bien de la région", a lancé le chef de la diplomatie américaine jeudi au Caire dans un discours sur la stratégie de l'administration du président Donald Trump au Moyen-Orient.
Cet appel à l'union sacrée résonnera particulièrement à Doha où il doit se rendre dimanche, depuis Abou Dhabi.
Les Etats-Unis tentent en effet depuis un an et demi, mais jusqu'ici en vain, de convaincre le Qatar et l'Arabie saoudite de surmonter la crise qui les déchire pour se concentrer sur l'effort prioritaire de Washington: la lutte contre l'Iran.
Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont Mike Pompeo doit visiter les six pays membres, est paralysé depuis que l'Arabie saoudite, Bahreïn et les Emirats arabes unis ont rompu en juin 2017 leurs relations diplomatiques avec le Qatar en lui imposant un blocus de fait.
En cause, les liens présumés entre Doha et des groupes islamistes radicaux et, justement, l'Iran chiite, ennemi commun des autres pays sunnites de la région. Le Qatar réfute catégoriquement soutenir des mouvements extrémistes et s'est depuis efforcé de donner des gages aux Etats-Unis dans la lutte antiterroriste.
Mais les tentatives de médiation sont dans l'impasse, comme en témoigne la démission mardi de l'émissaire américain Anthony Zinni, qui a jeté l'éponge en raison de "l'absence de volonté" de réconciliation des "dirigeants régionaux".
Pour Washington, tourner la page de cette crise est indispensable pour réussir le lancement de son Alliance stratégique du Moyen-Orient, une sorte d'Otan arabe vouée à souder ses alliés du Golfe mais aussi l'Egypte et la Jordanie contre Téhéran, plus que jamais désigné comme l'ennemi commun.
"Aujourd'hui, nous demandons à chacun de ces pays de faire un nouveau pas et de nous aider à consolider l'Alliance stratégique du Moyen-Orient", a dit Mike Pompeo au Caire.
Sourires à Ryad ?
Mais la tâche s'annonce ardue.
"C'est compliqué à mettre sur pied", a reconnu à Abou Dhabi le chef de la diplomatie américaine lors d'un échange avec les journalistes l'accompagnant.
"Il s'agit d'un accord complexe entre plusieurs nations, auxquelles on demande des engagements significatifs, mais je pense qu'il est possible d'avancer", a-t-il dit.
L'appel à "dépasser les vieilles rivalités" s'adresse plus largement aux pays arabes et à Israël, au moment où Washington mise sur des rapprochements inédits entre eux pour renforcer, là aussi, sa "coalition" anti-iranienne.
Le message de Washington est brouillé par la mauvaise passe que traversent ses relations avec l'Arabie saoudite, pilier de ses alliances régionales, depuis le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi début octobre au consulat de son pays à Istanbul.
A Ryad, tous les regards seront tournés sur sa possible rencontre avec le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane. Lors de sa précédente visite, au plus fort de l'affaire Khashoggi, ses larges sourires auprès de celui que l'on surnomme "MBS" avaient indigné une partie de la classe politique américaine.
Depuis, Donald Trump a affirmé vouloir préserver l'alliance avec le royaume saoudien, bien que le Sénat américain, pourtant contrôlé par son propre camp républicain, ait clairement imputé au prince héritier la responsabilité du meurtre.
"Nous allons continuer à travailler pour faire en sorte que tous ceux qui sont responsables du meurtre de Jamal Khashoggi rendent des comptes", a assuré vendredi Mike Pompeo sur la chaîne américaine Fox News. Avant de réaffirmer que les relations américano-saoudiennes restaient "incroyablement importantes pour les Américains".
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