Le record devrait être battu vendredi soir à 00H00 (05H00 GMT samedi) dépassant ainsi les 21 jours de "shutdown" pendant l'ère Clinton en 1995-1996.
Aucun compromis n'a pu être trouvé entre le président républicain qui réclame 5.7 milliards de dollars pour construire son mur anti-migrants à la frontière avec le Mexique et les démocrates, farouchement opposés au projet jugé "immoral", coûteux et inefficace pour lutter contre l'immigration clandestine.
"La solution de facilité pour moi est de déclarer une urgence nationale", mais "je ne vais pas le faire si vite parce que c'est au Congrès de le faire", a déclaré vendredi le locataire de la Maison Blanche lors d'une table ronde sur la sécurité aux frontières.
"Ce que nous ne cherchons pas à faire pour l'instant est l'urgence nationale", a-t-il aussi affirmé après des jours de spéculation sur le recours à une telle procédure, conférant des pouvoirs exceptionnels au président. Utiliser une telle prérogative aurait, à coup sûr, plonger le pays dans une tempête politico-judiciaire.
Au Congrès, aucun compromis à l'horizon et le Sénat a suspendu sa séance vendredi en début d'après-midi. Il ne se réunira pas de nouveau avant lundi.
Les conséquences sont, elles, bien réelles. Pour la première fois vendredi, les 800.000 fonctionnaires fédéraux affectés par le "shutdown" ne vont pas toucher leur salaire.
Depuis le 22 décembre, la moitié d'entre eux jugés "non essentiels", ont été placés en congé sans solde, tandis que l'autre moitié a été réquisitionnée.
Si la plupart, payés à la quinzaine, avaient reçu leur chèque fin décembre, ils ne toucheront en revanche pas leur paie vendredi.
La Chambre des représentants a toutefois approuvé à une écrasante majorité vendredi une loi, déjà votée par le Sénat, garantissant aux employés fédéraux qu'ils soient payés rétroactivement une fois le "shutdown" terminé. Il revient désormais au président de la promulguer.
Ce type de mesure est courant aux Etats-Unis lorsque le pays traverse de telles impasses budgétaires. Mais elle ne concerne pas les millions de contractuels également affectés.
"Pris en otages"
Plusieurs ministères essentiels, comme ceux de la Sécurité intérieure (DHS), de la Justice ou des Transports, sont touchés par le "shutdown".
"Plus de 200.000 employés du DHS --chargés de protéger notre espace aérien, nos cours d'eau et nos frontières-- ne seront pas payés (dans l'immédiat) alors qu'ils travaillent", a dénoncé Bennie Thompson, président démocrate de la commission pour la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants.
Jeudi, les principaux syndicats du transport aérien --pilotes de ligne, personnel naviguant, contrôleurs aériens-- ont dénoncé une situation qui se détériore, évoquant des risques accrus pour la sécurité du pays.
Un terminal de l'aéroport international de Miami sera fermé par intermittence, de samedi à lundi, à cause du manque de personnel.
Une manifestation à Washington a par ailleurs rassemblé selon les syndicats plus de 2.000 employés du gouvernement, qui ont exprimé leur inquiétude sur la dégradation de leurs conditions de vie.
"On a des factures à payer. Nous devons payer notre prêt hypothécaire", a expliqué à l'AFP Anthony, un employé civil des gardes côtes, dont l'épouse travaille pour une association à but non lucratif.
"Heureusement, nous avons un peu d'économies pour vivre, mais ça ne va pas durer très longtemps", a-t-il ajouté, estimant que les fonctionnaires étaient "pris en otages" par le président républicain.
De nombreuses initiatives privées ou publiques, comme des repas gratuits ou des foires à l'emploi pour les fonctionnaires au chômage technique, sont organisées dans tout le pays.
"Urgence nationale"
Pour sortir de l'impasse au Congrès, Donald Trump agitait depuis quelques jours la menace d'une procédure d'"urgence nationale" avant, vendredi, de sembler faire marche arrière.
"Nous avons le droit absolu de déclarer une urgence nationale, c'est une question de sécurité", avait-il affirmé jeudi soir sur Fox News, en marge d'une visite à McAllen, ville texane frontalière avec le Mexique.
Lindsey Graham, sénateur républicain de Caroline du Sud, et allié politique du milliardaire soutient ardemment cette hypothèse: "M. le président, invoquez maintenant une urgence nationale. Construisez un mur maintenant", a-t-il écrit dans un communiqué vendredi après avoir rencontré M. Trump.
Selon plusieurs médias américains, la Maison Blanche envisagerait de rediriger des fonds d'aide d'urgence pour différents territoires ravagés par des catastrophes naturelles, comme Porto Rico, pour financer la construction d'une barrière à la frontière.
Une paralysie prolongée du gouvernement fédéral aurait "un effet notable" sur la première économie du monde, a par ailleurs mis en garde le patron de la Banque centrale américaine, Jerome Powell.
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