Les étudiants étrangers peinent à mobiliser. Jeudi 10 janvier 2019 avait lieu à l'université de Caen (Calvados) la troisième assemblée générale contre la hausse des frais d'inscription pour les étudiants étrangers. Prévu pour la rentrée 2019, le projet de loi prévoit une augmentation des frais par plus de quinze. Le prix d'une licence passera de 170 € à 2 770 €. Les prix d'un master et d'un doctorat atteindront, eux, 3 770 €. "C'est un changement drastique pour nous. Même une personne avec un bon salaire ne pourrait pas envisager sereinement une telle augmentation de frais sur une année", ne décolère pas Djibril Diawara, chargé de communication de l'association des étudiants sénégalais de Caen. "C'est tellement irréel comme mesure que beaucoup d'étudiants n'y croient pas ", ajoute-t-il.
L'incertitude des étudiants
Moulounesh Alebachew, elle, y croit et l'appréhende. En troisième année d'étude de médecine à l'université de Caen, cette jeune Ethiopienne a déjà du mal à combiner ses études prenantes et son job étudiant au Crous. "Par mois, je gagne entre 100 et 300 euros. Ce salaire ne suffira pas à couvrir mes frais d'inscription", se désole-t-elle. Elle envisage alors de faire un prêt étudiant, afin de pouvoir poursuivre ses études. "C'est la seule solution. Mais je ne sais même pas si les banques accepteraient de me prêter cet argent", s'inquiète-t-elle. D'autres, selon Djibril Diawara, envisagent de redoubler volontairement leur année pour ne conserver qu'une ou deux matières à valider. Cet emploi du temps allégé leur permettrait de se libérer plus de temps pour un travail. "Sauf qu'un titre de séjour étudiant limite le nombre d'heures travaillées par an". Un étudiant étranger peut travailler 964 heures maximum par an. Soit 60 % de la durée annuelle légale du travail. Face à ce constat, d'autres, plus fatalistes, envisagent d'arrêter leurs études et rentrer dans leur pays d'origine. "Ce n'est pas une option pour moi", tranche Moulounesh Alebachew, "si je rentre avant la fin de mes études, j'aurais perdu quatre années de ma vie. Mon diplôme à l'heure actuelle ne vaut rien".
Avec ce projet de loi, Djibril Diawara dénonce une forme de discrimination économique. "On tape les étudiants au portefeuille, et ce sont les étudiants les moins fortunés qui sont pénalisés", justifie-t-il, "par exemple au Sénégal, ces frais sont l'équivalent de 40 SMIC. C'est impossible à débourser pour une famille. Qu'est-ce-qu'ils vont faire ces étudiants ? ".
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