Pendant plus de quinze ans, le faux "docteur Romand", aujourd'hui âgé de 64 ans, a menti à son entourage avant d'assassiner cinq personnes de sa famille. Condamné à la perpétuité en 1996, il est libérable depuis 2015, après avoir purgé une période de sûreté de 22 ans.
Lors de sa demande de libération, présentée le 20 novembre, le ministère public a demandé le rejet de cette requête. Me Laure Moureu, qui représente les deux frères de Florence Romand, l'épouse assassinée, avait estimé "prématurée" l'hypothèse d'une libération.
A la sortie de l'audience à la prison de Saint-Maur (Indre) où est incarcéré Romand, son conseil Me Jean-Louis Abad s'était dit lui "encore plus confiant à la sortie (...) qu'à l'arrivée". "Son projet est très bien ficelé et très sérieux", avait assuré l'avocat.
Jean-Claude Romand, s'il est libéré, devrait "éviter la lumière", a affirmé son avocat, qui a refusé de préciser les projets professionnels et personnels présentés par son client aux juges.
La libération conditionnelle est une mesure d'aménagement de peine visant à la réinsertion et à la prévention de la récidive.
mythomanie
Le parcours du "docteur Romand" est celui d'une histoire hors norme qui a fasciné le public et inspiré littérature et cinéma ("L'adversaire" d'Emmanuel Carrère a été adapté au cinéma en 2002 par Nicole Garcia).
Fils unique studieux, Romand rate de peu son passage en troisième année de médecine, dont il dissimule l'échec. Pendant des années, il ment à son entourage. Marié et père de deux enfants, il se dit médecin, chercheur au siège de l'OMS à Genève, mais dans les faits, passe ses journées dans sa voiture, dans une cafétéria ou une bibliothèque et fait vivre sa famille en escroquant parents et amis, prétendant placer leurs économies en Suisse.
Acculé par plusieurs débiteurs dont certains découvrent son imposture, le faux médecin de 38 ans craque.
Au matin du 9 janvier 1993, il tue avec un rouleau à pâtisserie sa femme qui dormait dans leur maison de Prévessin-Moëns (Ain). Puis, selon son propre récit, il demande à sa fille Caroline, sept ans, de s'allonger pour qu'il prenne sa température et lui tire dans le dos avec une carabine. De même avec son fils Antoine, cinq ans.
Il va ensuite chez ses parents à Clairvaux-les-Lacs (Jura) et les tue de plusieurs balles dans le dos.
Il repart pour Paris retrouver son ancienne maîtresse et la conduit en forêt de Fontainebleau pour un prétendu dîner avec Bernard Kouchner. Vers 23H00, il arrête la voiture, asperge la jeune femme avec une bombe lacrymogène, mais renonce à son projet d'assassinat devant ses hurlements et supplications.
Il revient le lendemain à son domicile où gisent sa femme et ses enfants. Le 11 janvier, il ingère des barbituriques et incendie la maison. Quand les pompiers arrivent, ils le trouvent inconscient mais vivant. Il a été jugé en 1996.
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