Au terme d'une semaine marquée par sa première comparution devant le tribunal, M. Ghosn devrait être poursuivi pour avoir minoré ses revenus dans des rapports boursiers de Nissan entre 2015 et 2018, selon les médias. Il a déjà été mis en examen, le 10 décembre, pour les cinq années précédentes.
Le constructeur d'automobiles nippon s'apprête à subir le même sort en tant qu'entité morale ayant remis les documents incriminés.
Le dirigeant de 64 ans, qui se dit "faussement accusé", va probablement en outre être inculpé pour abus de confiance, motif de sa garde à vue actuelle.
Selon le parquet, il aurait tenté de faire couvrir par Nissan "des pertes sur des investissements personnels" au moment de la crise financière d'octobre 2008. La somme incriminée s'élève à 1,85 milliard de yens (15 millions d'euros).
Nouveau mandat d'arrêt?
Pour résoudre ce problème financier, il aurait obtenu qu'un milliardaire saoudien, Khaled Juffali, se porte garant et lui aurait ultérieurement versé de l'argent issu de la "réserve du PDG". C'était pour services réellement rendus envers Nissan, argue M. Ghosn.
Depuis son arrestation le 19 novembre à Tokyo, il se trouve dans un centre de détention du nord de la capitale. Apparu menotté et amaigri au tribunal mardi, il souffrait mercredi soir d'une forte fièvre, qui a contraint les enquêteurs à suspendre les interrogatoires. Mais elle était retombée vendredi, a indiqué son avocat Motonari Otsuru vendredi.
Carlos Ghosn devait rencontrer dans la journée ses avocats et des représentants consulaires.
Outre de nouvelles mises en examen, le parquet japonais peut décider de lui infliger un quatrième motif d'arrestation, alors que de nouvelles révélations sont apparues ces derniers jours dans les médias. M. Ghosn serait alors replacé en garde à vue pour 48 heures, extensible deux fois dix jours à condition que le tribunal donne son approbation.
Dans tous les cas, sauf surprise, et ce dossier en a déjà réservé quelques-unes tant le suspect est atypique, une libération imminente semble peu probable, de l'avis même de l'équipe de défense, dont les précédentes demandes ont été retoquées.
Son épouse Carole Ghosn, qui avait jusqu'ici gardé le silence, s'était inquiétée jeudi dans un communiqué de son état de santé, déplorant "de dures conditions de détention et un traitement injuste". "Nous sommes anxieux", a-t-elle ajouté.
Donations
Malgré ces revers judiciaires, Renault a choisi de maintenir à sa tête le Franco-Libano-Brésilien, contrairement à ses partenaires japonais Nissan et Mitsubishi Motors qui se sont empressés de le révoquer de la présidence du conseil d'administration.
Jeudi, l'état-major de la marque au losange s'est réuni pour faire le point sur l'audit interne lancé fin novembre par l'entreprise. Aucune fraude n'a été constatée sur la rémunération des principaux dirigeants en 2017-2018, selon l'entreprise.
Mais la pression monte sur la direction du groupe français alors que les révélations de presse sur les supposés agissement de M. Ghosn continuent de pleuvoir, au sujet de sa résidence fiscale aux Pays-Bas, où la holding qui coiffe l'alliance est basée, ou encore sur des donations à des hommes d'affaires au Liban, à Oman et ailleurs, depuis les caisses de Nissan.
L'enquête du groupe nippon, qui porte aussi sur différentes structures liées à l'alliance aux Pays-Bas, accuse également M. Ghosn d'avoir perçu une rémunération sans justification d'un milliard de yens (8 millions d'euros) l'an dernier.
Plusieurs centaines de personnes sont mobilisées au sein du constructeur japonais, et de nombreux hauts responsables sont amenés à collaborer.
Nissan a annoncé la mise en congé de José Muñoz, un proche de Carlos Ghosn qui était doté du titre de "chief performance officer". D'après une source proche du dossier, il pourrait avoir des informations mais il se serait peu montré coopératif pour l'instant.
Arun Bajaj, responsable des ressources humaines, s'est mis lui aussi en retrait le temps que se termine l'enquête, et travaille avec les procureurs sur l'affaire.
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