Jugé pour quatre "assassinats terroristes" avec un complice présumé, Nacer Bendrer, lui aussi français, le jihadiste de 33 ans, depuis peu de retour de Syrie au moment des faits, encourt la réclusion à perpétuité.
Ce procès sous haute surveillance policière, au cours duquel plus d'une centaine de témoins seront entendus, doit durer jusqu'au 1er mars. Le premier interrogatoire des accusés est attendu mardi prochain.
L'audience, ouverte à 9H30 (08H30 GMT), doit être consacrée jusqu'à vendredi inclus à la lecture de l'acte de l'accusation, un document d'environ 200 pages.
Elle a déjà été interrompue par un incident de procédure concernant une constitution de partie civile. Les débats doivent reprendre à 13H30 (12H30 GMT).
Si la cour d'assises soutient la thèse de l'accusation, cet attentat antisémite, qui avait ému la communauté internationale, restera comme la première attaque commise sur le sol européen par un combattant jihadiste de retour de Syrie.
Le procès s'annonce comme un bras de fer entre les accusés, qui nient les faits, et les parties civiles, qui jugent "accablantes" les preuves rassemblées.
Selon l'accusation, Nemmouche est l'homme qui, le 24 mai 2014 vers 15h45, a ouvert le feu dans le hall d'entrée du Musée juif, tuant un couple de touristes israéliens, une bénévole française et un jeune employé belge du site. Un quadruple assassinat exécuté en 82 secondes, comme s'il était l'oeuvre d'un tueur professionnel, avec un revolver et une kalachnikov.
A l'époque, il était revenu depuis peu de Syrie, où il avait combattu dans les rangs de ce qui allait devenir le groupe Etat islamique.
Le "modèle" Merah
A Alep (Syrie) en 2013, il est soupçonné d'avoir retenu en otages quatre journalistes français. Inculpé fin 2017 à Paris dans ce dossier, il devra faire face à un procès distinct en France.
Trois de ces journalistes l'ont reconnu après les faits de Bruxelles en 2014, dépeignant un geôlier "violent, autoritaire".
"Quand j'entends ses avocats dire que c'est quelqu'un qui peut être très poli, très urbain... Certainement. C'est quelqu'un de malin. Mais moi, je n'oublierai jamais sa capacité de violence", a affirmé jeudi matin sur la radio française Europe 1 l'un des otages, Didier François.
"Il faisait partie des gens qui torturaient les Syriens, les Irakiens, les prisonniers", a-t-il assuré.
D'après l'enquête française sur cette séquestration à Alep, Mehdi Nemmouche ne cachait pas son admiration pour Mohamed Merah, qui en 2012 a assassiné trois militaires, puis trois enfants et un père juifs, à Toulouse et Montauban (sud de la France).
"On est obligé de faire des parallèles. L'assassin de mes enfants a été un modèle" pour Nemmouche, a souligné à l'AFP Samuel Sandler, 72 ans, père et grand-père de trois victimes de Merah, présent jeudi à l'ouverture du procès bruxellois.
"Les intentions étaient les mêmes, la méthodologie pratiquement la même", a-t-il ajouté.
"Discours complotiste"
Pour le Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB), partie civile au procès, le caractère antisémite des assassinats du musée juif ne fait aucun doute. Mais sur les bancs des victimes on craint que les avocats de Mehdi Nemmouche tentent de minimiser cet aspect voire de "tenir un discours de type complotiste".
L'hypothèse de la responsabilité d'agents israéliens a déjà été évoquée à demi-mot par l'un d'eux, Me Sébastien Courtoy, lors d'une audience préliminaire.
Jeudi matin, Me Henri Laquay, autre conseil de l'accusé principal, a simplement décrit ce dernier comme "serein, calme" avant l'audience. "Il choisira le moment quand il parlera", a ajouté l'avocat.
Six jours après la tuerie, Nemmouche avait été arrêté le 30 mai 2014, en possession des armes utilisées, à Marseille, où s'est ensuite concentrée une partie de l'enquête.
C'est également dans cette ville que son co-accusé Nacer Bendrer, 30 ans, a été interpellé en décembre 2014, soupçonné de l'avoir aidé à se fournir en armes.
En 2008, les deux délinquants avaient fait connaissance à la prison de Salon-de-Provence (sud de la France), où ils étaient décrits comme radicalisés.
Leur proximité est notamment attestée dans l'enquête par 46 contacts téléphoniques en l'espace de quinze jours en avril 2014, époque à laquelle Nemmouche est soupçonné être en pleins préparatifs.
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