Si la cour d'assises soutient la thèse de l'accusation, cet attentat antisémite, qui avait ému la communauté internationale, restera comme la première attaque commise sur le sol européen par un combattant jihadiste de retour de Syrie.
Le procès, placé sous étroite surveillance policière, doit s'ouvrir à 09h00 (08h00 GMT).
Jugé avec un complice, un autre Français qui doit aussi répondre d'"assassinat terroriste" et encourt, comme lui, la réclusion à perpétuité, Mehdi Nemmouche, 33 ans, fait figure de principal accusé.
Ce délinquant multirécidiviste radicalisé en prison est également connu pour son rôle présumé de geôlier de quatre journalistes français en 2013, à Alep (Syrie). Inculpé fin 2017 à Paris dans ce dossier, il devra faire face à un procès distinct en France.
A Bruxelles, le procès, où sont attendus plus de 100 témoins, devrait durer jusqu'à fin février.
L'audience, consacrée jeudi et vendredi à la lecture de l'acte d'accusation, s'annonce comme un bras de fer entre les accusés, qui nient les faits, et les parties civiles, qui jugent "accablantes" les preuves rassemblées.
Selon l'accusation, Nemmouche est l'homme qui, ce 24 mai 2014 vers 15h45, a ouvert le feu dans le hall d'entrée du Musée juif, tuant un couple de touristes israéliens, une bénévole française et un jeune employé belge du site. Un quadruple assassinat exécuté en 82 secondes, comme s'il était l'oeuvre d'un tueur professionnel.
A l'époque, le natif de Roubaix, dans le nord de la France, était revenu depuis peu de Syrie, où il avait combattu dans les rangs de ce qui allait devenir le groupe Etat islamique.
"Discours complotiste"
Dans l'enquête française sur la séquestration d'Alep, Nemmouche est dépeint en gardien "violent", admirateur de Mohamed Merah, qui avait assassiné trois enfants et un père de famille juifs en 2012 à Toulouse (sud de la France).
Pour le Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB), partie civile au procès, le caractère antisémite des assassinats reprochés à l'accusé ne fait aucun doute.
La crainte, a confié à l'AFP Yohan Benizri, président du CCOJB, est que ses avocats, Sébastien Courtoy et Henri Laquay, tentent de "minimiser" cet aspect antisémite, ou de "tenir un discours de type complotiste".
L'hypothèse de la responsabilité d'agents israéliens a déjà été évoquée à demi-mot par Me Courtoy lors d'une audience préliminaire.
Pour cet avocat réputé provocateur, qui a dans le passé défendu en Belgique le polémiste français Dieudonné, plusieurs fois condamné en France pour injure raciale, incitation à la haine et apologie du terrorisme, Nemmouche aurait été "sélectionné" pour commettre ce qu'il a qualifié de "pseudo-attentat" et il s'en expliquera.
"Ca fait maintenant quelques années qu'il brûle de pouvoir dire sa vérité", a assuré Me Courtoy devant des journalistes lundi après la sélection du jury.
Six jours après la tuerie, Nemmouche avait été arrêté le 30 mai 2014 en possession d'un revolver et d'un fusil d'assaut à Marseille, où s'est ensuite concentrée une partie de l'enquête.
C'est également à Marseille que son co-accusé Nacer Bendrer, 30 ans, a été interpellé en décembre 2014, soupçonné de l'avoir aidé à se fournir en armes.
En 2008, les deux délinquants avaient fait connaissance à la prison de Salon-de-Provence (sud de la France), où ils étaient décrits comme radicalisés, faisant du "prosélytisme" auprès des autres détenus musulmans.
Leur proximité est notamment attestée dans l'enquête par 46 contacts téléphoniques en l'espace de quinze jours en avril 2014, époque à laquelle Nemmouche est soupçonné être en pleins préparatifs.
Le premier interrogatoire des deux accusés sur le fond est prévu la semaine prochaine, à partir de mardi.
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