C'est une polémique qui est née au sein de la Région Normandie fin 2018 et qui enfle en ce début d'année 2019 : le financement de l'investissement - à hauteur de 180 000 euros - dans un radar à oiseaux. Il s'agit d'un appareil censé notamment compter les volatiles. Le hic ? La gestion de ce radar, confiée aux chasseurs.
Une décision qui ne plaît pas à tout le monde, à commencer par le groupe Normandie Écologie EELV à la Région. "L'objectif des chasseurs n'est pas de favoriser la biodiversité mais simplement de collecter des données pour favoriser leur loisir, expliquent ces élus à l'AFP. Sous prétexte de préservation, la région a choisi de privilégier le rapprochement avec les chasseurs par simple clientélisme et pour récompenser un partenaire de sa majorité."
"On peut être chasseur et être attentif à la biodiversité. Je sais bien que ce n'est pas forcément partagé par tout le monde mais moi je le crois, peut-être parce que je suis chasseur", a justifié lundi 7 janvier le président de la région Normandie, Hervé Morin. L'objectif est selon lui "d'analyser la biodiversité, d'avoir des débats sur les prélèvements". "En effet oui une partie des espèces sont chassables", a-t-il ajouté.
Une pétition en ligne a également été lancée pour s'opposer à ce projet et rassemble plus de 36 000 signataires.
"C'est un cadeau de Noël offert aux chasseurs"
Les membres de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) sont aussi vent debout contre ce choix. "L'analyse des données ne sera pas faite par des ornithologues professionnels, indépendants mais par un organisme, l'Isnea, qui n'est pas indépendant puisque derrière, il y a la Fédération de chasse", selon Richard Grège, administrateur à la LPO de Normandie. Pour lui, les analyses seront biaisées :
"C'est un outil intéressant, à condition que les données soient analysées par des gens objectifs"
"Derrière tout ça, ils veulent prouver qu'ils peuvent chasser librement sans perturber la biodiversité, alors qu'elle est déjà fortement attaquée, explique Richard Grège. Les chasseurs tirent sur des oiseaux migrateurs donc ils ne se rendent pas compte de l'impact que cela a puisque lorsqu'une oie par exemple est tuée, elle est remplacée par une autre s'il y a des ressources alimentaires à cet endroit. Par contre, cela se voit sur les aires de nidification dans les pays du nord." Pour lui, "c'est un cadeau de Noël offert aux chasseurs".
Mais Pascal Marie, conseiller régional et vice président du mouvement Chasse, pêche, nature et traditions, l'assure : les chiffres seront accessibles à tous via l'agence régionale de la biodiversité. Le problème selon lui, c'est simplement que confier la gestion de cet outil aux chasseurs ne plaît pas à tout le monde :
"Je ne vois pas pourquoi créer une polémique"
Pour lui, cette polémique n'a tout simplement pas lieu d'être. Il évoque une transparence totale sur les chiffres, insiste sur le fait que c'est la préfecture qui aura le dernier mot sur les périodes de chasse et que ce n'est finalement qu'une polémique qui sert à faire exister le groupe EELV à la Région…
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